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La culture à l'heure des comptes

par Abdelkrim Zerzouri

L'heure est-elle venue pour les EPIC du secteur de la culture de rendre des comptes sur la gestion des budgets et des subventions alloués par la tutelle ? Le ton du communiqué du ministère de la Culture, publié sur sa page facebook, ne laisse aucun de doute là-dessus. Des opérations d'inspection et d'accompagnement des établissements sous tutelle du ministère de la Culture et des Arts seront menées pour plus de transparence dans la gestion et la lutte contre le gaspillage et la dilapidation des deniers publics, annonce le communiqué en question. Non sans préciser que ces opérations interviennent en application des orientations de la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda, portant sur le processus

d'inspection et de contrôle du ministère pour «rationnaliser la gestion» et «assainir la situation financière» de ces établissements. Cela laisserait-il croire qu'il y a une odeur de pourri qui se dégagerait de dossiers entre les mains du ministère et qu'il y a lieu tout juste de conforter les informations s'y rapportant par les experts des services de l'Inspection générale du ministère de la Culture et des Arts ?

Les enquêtes viseront particulièrement les «établissements à caractère économique et commercial» (EPIC), à l'enseigne de l'Office national de la culture et l'information (ONCI) et les théâtres, où les experts se pencheront sur l'application des lois et règlements en vigueur relatifs à la gestion financière, notamment les dépenses concernant les budgets et les subventions alloués par le ministère, dont les «fonds d'aide et des festivals», ainsi que les «subventions accordées aux porteurs de projets et aux associations». Et, tout ne s'arrêtera pas là, car le ministère prévient que des mesures administratives et juridiques seront prises au terme des investigations menées par les instances de contrôle du ministère qui n'exclut pas de saisir, en cas de «soupçon de corruption», les institutions de contrôle financier compétentes. Un véritable assainissement qui se met en branle dans le secteur de la culture, dont l'ancienne ministre se trouve en détention provisoire depuis le mois de novembre 2019 pour son implication présumée dans des affaires de dilapidation de deniers publics, abus de fonction et octroi d'indus privilèges. Pour dire que les soupçons de détournement et dilapidation des deniers publics qui pèsent sur le secteur ne datent pas d'hier.

Le fait est qu'avec ces nouvelles opérations d'inspection et de contrôle des EPIC, particulièrement, on ne sait pas jusqu'où ira-t-on, dans le temps, éplucher les dossiers ? Le dossier de la manifestation «Constantine capitale de la arabe», qui s'est tenue en 2015, est-il concerné par ces opérations ? Probablement que les enquêteurs devraient tout passer à la loupe, pas seulement là où les soupçons se font pesants. Car, les opérations d'inspection et de contrôle qui vont dévoiler les dépassements dans la gestion baliseraient en même temps le terrain pour mettre en place un nouveau mode de gestion de ces établissements. Dans les pays qui se respectent, le budget consacré à la culture est l'un des mieux fournis, avec des résultats à la hauteur de sa mission, qui a une portée parfois aussi importante que la force militaire.