A qui le
tour ? La question qui trotte dans les esprits de nombreux commis de l'Etat et
autres cadres gestionnaires à la suite du grand ménage lancé ces derniers temps
au niveau de tous les secteurs, laisse peu de place à la concentration dans les
tâches et missions dévolues aux concernés. C'est connu, les mouvements et
changements annoncés dans différents secteurs ne manquent pas de provoquer un
effet ankylosant chez les responsables qui commencent, pour certains d'entre
eux, à plier bagage avant que la décision officielle ne tombe, alors que
d'autres engagent des pourparlers et des négociations pour assurer leur chute
ailleurs, laissant presque à l'abandon leur activité essentielle, qu'ils voient
sans lendemain. Une situation inévitable qu'on ne devrait pas ignorer. Car, si
les secteurs où les nominations de nouveaux responsables connaissent une
dynamique très payante, d'autres restent dans l'expectative du changement,
qu'il soit fortement ressenti ou seulement un brin qui flotte dessus. Quelle
solution pour cette problématique très préjudiciable à la vie socioéconomique ?
Jusqu'à présent, on devine seulement pourquoi tel ou tel responsable a été
éloigné de son poste, à l'exemple des responsables «lessivés » dans le secteur
de l'Eau, Algérie Poste et Algérie Télécom, ainsi que d'autres walis et SG de
wilayas. On le devine en faisant le lien avec les récents problèmes enregistrés
sur les plans du manque de liquidités, du faible débit Internet, ou encore dans
le sillage des mises en garde lancées aux commis de l'Etat par le président de
la République lors de la rencontre gouvernement - walis, mais rien d'officiel.
Le dégommage de hauts responsables ne se réfère à aucune quelconque mauvaise
gestion ou faute grave ayant entraîné la suspension des responsables concernés
de leur fonction. Tout juste, on annonce la mise à l'écart des uns et la
nomination d'autres à leurs places. Laissant sur leur faim les observateurs et
ouvrant une brèche à toutes les supputations, ainsi qu'à une démission morale
de ceux qui se sentiraient visés par le prochain courrier. Ne pouvait-on pas
éviter les anciennes pratiques dans ce domaine, qui baignent dans l'opacité et
donner les motifs qui ont entraîné la suspension des hauts cadres et autres
commis de l'Etat, à l'enseigne des walis ?
Le président de la République et le Premier ministre (auquel ont
été délégués des prérogatives de nominations dans certains postes) possèdent
toutes les compétences pour désigner ou limoger ministres, walis et autres
hauts cadres, et absolument rien n'exige d'eux des explications sur ce
registre, mais la pratique gagnerait plus en considération et en crédibilité
quand les motivations qui ont entraîné le limogeage des hauts cadres, en dehors
de celles en cours d'instruction au niveau de la justice, accompagneraient les
décisions en question. Et, cette transparence dans l'action permettrait de
garantir la stabilité morale des cadres gestionnaires et des hauts responsables
intègres, qui ne commenceraient plus à mettre leurs affaires dans des cartons
au moindre mouvement de ménage, mis à part ceux qui ont de la paille dans les
ventres.