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Gaïd Salah tenté de sonner la fin de la «recréation»
par Kharroubi Habib
En rejetant
catégoriquement les conditions qualifiées par lui « d'injonctions inacceptables
» émises tant par le mouvement populaire que l'opposition partisane et les
organisations et associations de la société civile sans la satisfaction desquelles
il ne pourrait être question pour eux d'entrer en dialogue avec quiconque
parlant au nom du pouvoir, le général de corps d'armée, vice-ministre de la
Défense et chef d'état-major a refermé la porte que les initiatives lancées
dans ce sens ont entrouverte. Même les moins rétifs au principe du dialogue
comme mécanisme de règlement de la crise politique et institutionnelle ne
peuvent désormais souscrire à son ouverture alors que Gaïd
Salah rejette en bloc les préalables minimaux qu'ils ont soumis au pouvoir.
C'est entre autres le cas du panel de personnalités qui s'est constitué avec
l'ambition de mener une médiation en vue d'aplanir la voie à l'ouverture de ce
dialogue. Le plus paradoxal chez l'homme fort du pouvoir est qu'il persiste à
croire ce dialogue encore possible alors qu'il a anathémisé
tous ceux qui ont posé des conditions à son ouverture, c'est-à-dire
pratiquement l'ensemble en dehors du pouvoir des acteurs intervenant dans la
crise dans laquelle le pays est plongé. S'il pense forcer la main à certains de
ces derniers par la menace et au chantage d'être considérés comme agissant
contre les intérêts du peuple et de la nation, le chef de l'armée se méprend
gravement sur les dynamiques que le mouvement du 22 février a enclenchées tant
dans la société algérienne que dans la classe politique.
Gaïd Salah a beau marteler qu'il y a urgence d'organiser
l'élection présidentielle et pour cela que les parties prenantes à la crise
cessent de poser des conditions au dialogue censé avoir pour objectif de déterminer
les mesures et mécanismes qui en hâteraient l'organisation dans la transparence
et aux normes de la démocratie, il ne peut escompter la réussite du passage en
force auquel il semble être tenté de recourir pour dépasser l'impasse politique
qui bouche l'horizon à cette échéance électorale. Son
intervention dans laquelle il a proclamé sans fioriture que le haut
commandement de l'armée est le maître des horloges seul à même de dicter la
solution de sortie de crise et le peu de considération qu'il a pour les
revendications populaires et partisanes a résonné aux oreilles de tous ceux qui
aspirent au changement de système et de régime comme signifiant que l'armée et
son chef ont décidé de sonner la « fin de la récréation » et qu'ils exigent
d'eux la fin du blocage qu'ils font à leur agenda de sortie de crise.
Sauf que le mouvement du 22 février n'est pas une « recréation » que s'est
autorisée le peuple algérien mais une révolte inextinguible et sans retour
contre le système, ses symboles et piliers qu'il est déterminé à faire
triompher sans reculer devant la menace du recours à la force contre lui qu'a
insidieusement fait planer l'homme fort du pays dans son intervention pour lui
inoculer à nouveau la peur qui génère lâches compromissions et soumissions.
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