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Vers l'impasse

par Moncef Wafi

Les élections auront lieu le 4 juillet ou à une autre date, mais elles auront lieu probablement sous la conduite du gouvernement Bedoui et la présidence de Bensalah. C'est en substance le contenu de l'intervention de Gaïd Salah à partir de la 4ème Région militaire.

En insistant sur la tenue du scrutin, le chef d'état-major signifie une fin de non recevoir aux propositions de l'opposition qui insistaient sur une période de transition conduite par des personnalités politiques consensuelles pour préparer au mieux des élections apurés des figures de l'ancien régime. Une réponse également au dernier appel de Ali Yahia Abdenour, Benyelles et Taleb Ibrahimi pour une solution consensuelle. En effet, les observateurs de la scène politique donnaient beaucoup de crédit à l'initiative du trio, qui a trouvé écho auprès d'une grande partie de l'opposition, et attendaient de Gaïd Salah un autre discours allant dans le sens d'une sortie de crise en dehors de la piste balisée de la Constitution. Quant à l'autre demande d'engager un dialogue avec l'institution militaire, avec l'appel des Forces du changement pour le soutien du choix du peuple, de Saïd Sadi ou encore de Sofiane Djilali, estimant que l'institution militaire est le nouveau dépositaire du pouvoir réel en Algérie, le chef d'état-major vient là encore de rejeter l'invitation en affirmant que l'armée «s'est engagée à ne pas être partie prenante à ce dialogue escompté». La position de Gaïd Salah semble intraitable ; plus encore, il a évoqué clairement la nécessité d'encadrer et de rationaliser les exigences de la rue. Gaïd Salah appelle ainsi à la désignation de représentants du mouvement en précisant même les conditions d'éligibilité entre nationalisme «responsable», crainte de Dieu et courroie de transmission des revendications populaires avec les institutions de l'Etat tout en reconnaissant le rôle de l'armée dans l'accompagnement du hirak. Le discours de Ouargla ne laisse aucun doute sur les intentions du chef d'état-major d'aller au bout de la feuille de route, malgré le refus généralisé d'aller à l'élection du 4 juillet dans sa formule actuelle.