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Bouteflika s'obstine, Gaïd Salah prêche la sagesse patriotique

par Kharroubi Habib

Malgré le rejet massif et sans équivoque de sa feuille de route par le mouvement citoyen qui revendique son départ et l'évènement d'une nouvelle république à naître en dehors de son pilotage, le président Bouteflika persiste à vouloir l'imposer au pays. Ce qui n'augure rien de bon pour l'Algérie à l'approche de la fin constitutionnelle de son mandat présidentiel qu'il a visiblement l'intention de prolonger quelle que soit la réaction populaire contre son coup de force.

Visiblement, Bouteflika semble convaincu qu'il parviendra à rallier à sa feuille de route une frange de la population et d'acteurs politiques et de la société civile alors même que les personnalités de son camp qu'il a chargées de cette mission essuient refus après refus de la part de ceux qu'elles approchent. Son obstination va non seulement amplifier le mouvement populaire qui rejette son projet mais paraît avoir même fait prendre conscience à l'institution militaire que celui-ci en est devenu insoutenable. C'est en tout cas ce qu'a laissé transparaître la déclaration faite à Bechar par Gaïd Salah son chef d'état-major.

De ce que ce dernier a déclaré, il apparaît en effet que l'armée sans être contre la feuille de route du président en exercice ne ferait pas obstacle à une option autre que celle-là. Probablement que pour se déterminer à exprimer sa position définitive l'armée s'est accordé le temps de voir comment allait tourner l'opération de ralliement à sa feuille de route par le camp présidentiel et la manière dont le mouvement citoyen réagira. En soutenant comme il l'a fait à partir de Béchar que « pour chaque problème existe une solution, voire plusieurs qui peuvent être mises en application au moment propice », Gaïd Salah a probablement voulu démarquer l'armée de l'obstination du camp présidentiel à s'accrocher à sa seule feuille de route et à rassurer les Algériens qu'elle ne sera pas entraînée à lui imposer celle-ci.

De cette lecture de la déclaration du chef de l'état-major de l'ANP l'on peut déduire qu'en cas probable où le peuple se manifestera encore massivement contre la feuille de route de Bouteflika et que la classe politique et la société civile signifient leur refus d'en être parties prenantes, l'armée pourrait considérer que la fin de mandat présidentiel le 28 avril constitue un moment « propice » à la mise en œuvre d'une solution autre que celle du plan présidentiel et qu'elle mette sur la balance le poids de son influence pour dissuader les promoteurs de ce dernier à opérer un passage en force. Sauf que ces derniers pourraient jouer leur va tout avant ce moment « propice » en poussant le mouvement citoyen à se départir de son comportement pacifique qui obligerait l'armée à opter pour l'ordre et contre la volonté populaire.