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Un appel ayant visé à provoquer la «fitna»

par Kharroubi Habib

La question du Sahara occidental n'est pas comme le présument le roi du Maroc et son Makhzen une pomme de discorde entre le pouvoir et le peuple algériens. Aussi et pour avoir fait la lecture que le pays voisin est divisé sur elle, le monarque alaouite a probablement escompté que son appel à un dialogue « direct et franc » provoquerait en son sein controverses et polémiques confirmatives qu'il n'y aurait pas consensus des Algériens sur cette affaire du Sahara occidental. Force est pour Mohamed IV de constater que sa sournoise tentative d'allumer la « fitna » entre Algériens a tourné court. Même s'ils ont entre eux des divergences d'approche sur le sujet, les Algériens, classe politique et citoyens, n'ont guère pris au sérieux la « main tendue » que ce roi prétend avoir fait à leur pays. L'expérience leur a instruit que l'Algérie n'a rien à attendre de bon et de constructif de la monarchie voisine et que tous les semblants d'ouverture et d'apaisement qu'elle émet en sa direction ont toujours eu pour calcul de l'entraîner à acquiescer à des compromis dont le royaume tirerait dividendes sans rien lui lâcher de contrepartie. Sachant ceci, les Algériens et leur classe politique ont quasi unanimement fait bloc avec les autorités qui considèrent que l'appel du monarque marocain est un « non-évènement » dont il ne faut pas en faire un en y réagissant officiellement. Même les plus acharnés détracteurs du pouvoir en place se sont abstenus d'apprécier autrement l'initiative marocaine. Qu'ils soient simples citoyens ou des acteurs sur la scène politique, les Algériens sont pour une normalisation des relations avec le pays voisin de l'Ouest mais sur la base d'un dialogue qui ne soit pas pipé et biaisé par des conditionnalités dont le trône alaouite exige la prise en compte. L'appel de Mohamed VI est à cet égard on ne plut plus spécieux puisque tout en déclarant le Maroc prêt à discuter avec l'Algérie de tous les différends qui les opposent, le souverain alaouite a signifié avec arrogance aux autorités algériennes que la question du Sahara occidental n'est pas discutable et que l'occupation par son pays de ce territoire serait un fait accompli auquel il leur faudrait se résoudre. Plutôt qu'étant une main tendue à l'Algérie voisine, la proposition de « dialogue » lancée par Mohamed VI a résonné dans ce pays comme une invite pour elle à venir à « Canossa » et à déposer au pied du trône alaouite son acceptation du fait accompli de l'assujettissement par le Maroc du peuple sahraoui.

 Il est clair que Mohamed VI ignore tout des Algériens et de leur attachement viscéral à la défense des causes justes dont celle des Sahraouis est l'une des plus emblématiques. C'est pourquoi tous les machiavéliques calculs qu'il a échafaudés à travers son appel ont tourné court.