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La France paraît fléchir devant Donald Trump

par Kharroubi Habib

En apparence, Paris fait de la résistance à l'injonction faite par les Etats-Unis à l'ensemble des pays de la planète y compris les Européens de cesser d'entretenir toute relation commerciale avec l'Iran contre lequel, après avoir quitté unilatéralement l'accord sur le nucléaire, ils ont décrété des sanctions qu'ils entendent faire respecter par tous y compris par l'exercice de représailles financières et judiciaires contre les récalcitrants. Emmanuel Macron a même paru avoir pris la tête des adversaires de la façon dont Donald Trump se comporte dans ses rapports avec le reste du monde, au prétexte que pour lui les intérêts de l'Amérique priment sur toute autre considération de droit et de morale. Depuis l'échec qu'il a essuyé dans sa tentative de convaincre le fantasque président américain qu'il existe une autre démarche pour résoudre le problème iranien qu'en se retirant de l'accord sur son nucléaire et en lui imposant des sanctions, Macron s'est singularisé en soutenant ce point de vue et en tentant d'organiser une résistance internationale qui, par son ampleur, dissuaderait l'Amérique de Trump de s'en prendre aux parties qui ne veulent pas obtempérer à son injonction. Son discours devant l'Assemblée générale de l'ONU est apparu à certains comme la manifestation de sa détermination à ne rien céder, au nom de la France, à une Amérique entraînée par son peu recommandable président à faire fi du droit international. Des faits intervenus en France ces derniers temps tendent cependant à conforter l'impression que ses autorités chercheraient un prétexte qui leur donnerait matière à changer de position sur la question iranienne sans que cela apparaisse avoir été dictée par les commandements américains. En effet, il a été annoncé, en juin dernier, par Paris la découverte d'une tentative d'attentat en territoire français visant des opposants du régime iranien et commanditée par les services spéciaux de Téhéran. Mardi, il a été fait l'annonce que la police française a procédé à la perquisition et à la fermeture d'une association à vocation religieuse «relais» de l'influence iranienne dans l'Hexagone entretenant de troubles contacts avec le Hezbollah et le Hamas, organisations décrétées «terroristes» par Washington.

 Dans les deux cas, il n'a été produit aucune preuve attestant la véracité des versions officielles. Ce qui ne peut que donner à penser que les annonces impliquant l'Iran dans des opérations de subversion en France sont destinées à retourner l'opinion du pays et à lui faire accepter un changement de la position française sur le problème iranien qui recollerait l'alliance franco-américaine. C'est la peut-être improbable supputation mais qu'il ne faut pas écarter, au regard de l'impuissance manifeste de la France face aux foudres brandies contre son économie et celle des autres puissances européennes par le fantasque et belliqueux président américain. Cela bien compris, il ne sera pas étonnant que Paris décrète l'Iran infréquentable car Etat «terroriste» et à rompre avec lui pour cette raison dont ses autorités en feront la motivation de virage à 180 degrés qu'elles pourront opérer dans leurs relations avec Téhéran.