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Quand Trump pense avoir dribblé les Palestiniens

par Kharroubi Habib

Mercredi et en marge de l'Assemblée générale des Nations unies, Donald Trump dont les sinuosités de sa politique étrangère n'en finissent pas de désorienter diplomates et observateurs a émis des propos sur le conflit israélo-palestinien surprenants car tranchant avec le positionnement qui est le sien sur ce dossier depuis qu'il préside à la Maison Blanche. Le fantasque président américain a pour la première fois en effet déclaré que sa préférence va à la solution à deux Etats et qu'il allait présenter aux parties israélienne et palestinienne un plan de paix équilibré.

Certains observateurs, peu nombreux il est vrai, se sont empressés de déduire qu'il a opéré un tournant dans son positionnement. Sauf qu'ils n'ont pas tenu compte du fait que ce même président a échangé d'autres propos avec le Premier ministre israélien qui enlèvent toute crédibilité à sa prétendue préférence pour la solution à deux Etats et à l'équilibre du plan de paix qu'il se propose de présenter. A Benjamin Netanyahu, il a réitéré sans détour que l'Amérique est 100% en accord avec Israël sur sa politique à l'égard des Palestiniens. Or l'on sait que la coalition que dirige Benjamin Netanyahu est farouchement opposée à la solution à deux Etats qu'elle s'ingénue à rendre impossible en éternisant l'occupation des territoires palestiniens et en intensifiant leur colonisation.

Israël a d'autant accéléré et intensifié ce processus visant à rendre impossible la perspective d'un Etat palestinien viable et souverain à ses côtés qu'il se sait approuvé par l'actuel locataire de la Maison Blanche dont toutes les décisions et initiatives sur le conflit israélo-palestinien ont consisté à trancher en sa faveur sur toutes les questions sur lesquelles bute l'éventualité d'une reprise du processus de négociations pour la paix au Proche-Orient. Ce dont ont pris conscience les Palestiniens et leur a fait rompre avec son administration et exprimé leur refus d'une médiation américaine exclusive entre eux et les Israéliens en raison de la partialité pro-israélienne ouvertement démontrée par les décisions et initiatives en question ayant émané de la Maison Blanche.

En déclarant sa « préférence » pour la solution à deux Etats, Donald Trump est loin d'avoir « amadoué » la partie palestinienne dont l'un des porte-parole, en l'occurrence le chef de la mission diplomatique palestinienne à Washington, fermée il y a peu par l'administration américaine, a estimé que les propos de Donald Trump que d'aucuns ont qualifiés de tournant dans son positionnement ne constituent pas un pas en avant du président américain en direction des Palestiniens tant les actes qu'il a endossés au sujet du conflit israélo-palestinien détruisent clairement toute possibilité d'une solution à deux Etats. Et c'est parce que sachant cela que Benyamin Netanyahu ne s'est nullement ému des propos émis par Donald Trump qui ont paru à d'autres être l'indice d'un rééquilibrage de sa politique proche-orientale.

Sa certitude que le président américain n'a évoqué la solution à deux Etats que pour déstabiliser les Palestiniens, le facho sioniste Premier ministre israélien en a donné toute la mesure en clamant en sa présence que tant que lui Netanyahu présidera aux destinées d'Israël, celui-ci ne cèdera jamais la Cisjordanie. Un enterrement sans équivoque de la solution à deux Etats qui n'a même pas fait réagir Donald Trump qui n'a en réalité ni l'intention ni la volonté de rabaisser les prétentions israéliennes à un « grand Israël » débarrassé de l'équation palestinienne qui en contrecarre l'avènement.