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Le poids des harraga

par Moncef Wafi

Acculées par Madrid, Berlin et Rome, et dépassées par la situation des migrants africains en situation irrégulière sur notre territoire, les autorités algériennes ne peuvent qu'être préoccupées par le dossier migratoire dans et en dehors de ses frontières. Le problème des sans-papiers algériens, qui déferlent sur les côtes espagnoles et italiennes et qui sont installés clandestinement en Allemagne et en France, a débordé sur les politiques internes de ces pays, devenant le talon d'Achille de certains gouvernements. Alger est ainsi sommée de mettre un terme à cette situation et de s'occuper sérieusement de ses harraga, et le ton diplomatique employé par ces capitales ne saurait occulter la gravité de la situation. La présence de la chancelière allemande à Alger, la semaine dernière, l'arrivée annoncée du ministre de l'Intérieur italien et les tensions répétées avec Paris sont autant d'indices sur les pressions subies par l'Algérie pour trouver une solution à ses harraga. Le front espagnol, lui, est en ébullition puisque ses côtes sont prises d'assaut depuis une semaine par les «pateras» algériennes qui embarquent depuis les plages de l'ouest du pays. Si les interceptions des harraga par les gardes-côtes sont presque au quotidien (72 personnes ont été interceptées aux larges d'Aïn Témouchent et Oran en moins d'une semaine), le nombre des harraga qui arrivent à Alicante, Murcie ou Cartagena inquiète au plus haut point Madrid. Un journal local rapportait que la ville de Cartagena était sans protection policière vendredi après-midi du fait que les forces de l'ordre étaient toutes mobilisées pour faire face aux débarquements des migrants clandestins. La même édition indiquait encore que la ville n'était pas protégée à cause de la vague migratoire brutale venant d'Algérie. Le journal rapportait aussi la crainte des habitants de voir un débordement ou une attaque des migrants en absence des forces de police occupées ailleurs. En Italie, c'est une véritable guerre qui est déclarée aux clandestins algériens faisant des harraga un problème de sécurité interne. A chaque débarquement sur les côtes de la Sardaigne, Mauro Pili, député et fondateur d'Unidos, le mouvement de libération du peuple sarde, réagissait en interpellant le gouvernement italien sur ce qu'il appelle «le nouveau débarquement criminel sur les côtes de Sulcis». «La route algérienne-Sulcis est de plus en plus la porte d'entrée des délinquants algériens et pas seulement», qualifiait-il le couloir maritime reliant l'Algérie à la Sardaigne. Les Algériens d'Allemagne sont également au centre de l'actualité avec cette volonté de Merkel d'en finir avec ce problème et de trouver un certain répit au sein de son gouvernement. Et le refus de l'Algérie de l'installation de centres de rétention de migrants clandestins sur son territoire a encore renforcé les fortes pressions européennes exercées à ce propos. Pour le moment, et hormis les accords bilatéraux liant l'Algérie à ces pays concernant l'expulsion des sans-papiers et leur retour au pays, aucune solution ne pointe à l'horizon si ce n'est construire un mur dans la Méditerranée pour empêcher les Algériens de prendre la mer !