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De l'indignation à deux poids, deux mesures

par Kharroubi Habib

Comme le président syrien Bachar El Assad, celui du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi s'est trouvé confronté à une rébellion armée qui en prenant le dessus sur les forces qui lui restent fidèles l'a contraint à appeler à la rescousse de son pouvoir des parties étrangères «amies». Au Yémen, ces parties étrangères qui ont volé à son secours sont l'Arabie saoudite et les Etats arabes qui ont accepté de rejoindre la coalition militaire qu'elle conduit.

En Syrie comme au Yémen, il en a résulté une confrontation entre les parties prenantes à leur conflit, horrifiante par les hécatombes qu'elle provoque en victimes civiles. Ce qui aurait dû valoir aux deux chefs de l'Etat syrien et yéménite la même opprobre pour ce qu'il en coûte à leurs peuples respectifs leur entêtement à vouloir rester au pouvoir. Force est de constater qu'il n'en est rien car si Bachar El Assad est dénoncé comme un monstre assoiffé du sang de ses compatriotes à qui la communauté internationale devra demander des comptes pour les crimes de guerre et contre l'humanité que son camp et ses alliés commettent en Syrie, le Yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi est lui étrangement exonéré de la responsabilité des mêmes crimes auxquels donne lieu dans son pays la confrontation militaire entre ses partisans et leurs soutiens étrangers avec la rébellion houtie.

C'est en tout cas le parti pris qui guide manifestement les puissances occidentales et leur fait exprimer une indignation et des condamnations à géométrie variable. Accablantes et définitives à l'encontre du président syrien, elles sont proférées dans le cas du Yémen avec un luxe de précautions destinées à rendre leurs charges moins accusatrices et compromettantes pour Mansour Hadi. Ce n'est pas que le falot président yéménite déchu jouit dans les capitales occidentales d'une sympathie qui lui vaut d'être ménagé par elles, qu'il est du bon côté selon elles dans le conflit qui ravage son pauvre pays. Mansour Hadi est à la solde de la monarchie saoudienne et des autres pétromonarchies de la région avec lesquelles ces capitales occidentales ont partie liée nouée outre pour des considérations géopolitiques mais parce qu'elle leur procure aussi de considérables et juteux marchés.

« L'humanitarisme » dont elles recouvrent leurs campagnes de diabolisation sans appel du président syrien est totalement absent dans leur considération quand il s'agit de la tragédie yéménite. Si promptes à s'enflammer et à prendre à témoin le monde entier contre Bachar El Assad en tout ce qui se passe dans son pays, elles font un silence assourdissant autour de ce qui se déroule au Yémen couvrant par là et absolvant même Mansour Hadi et ses protecteurs étrangers des crimes ignobles qu'ils commettent dont le dernier en date a pourtant révulsé la planète entière en ayant eu pour cible le plus grand hôpital de la ville de Hodeida et le seul à avoir eu encore une fonctionnalité ainsi que le marché à poisson de la même ville. Ce crime seul devrait disqualifier moralement et irrémédiablement le président yéménite et ses alliés. Ce n'est pas pourtant ce que pensent les « exemplaires » capitales occidentales.