Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'UA doit s'émanciper financièrement ou disparaître

par Kharroubi Habib

Selon une résolution du sommet de l'Union africaine tenu à Kigali en 2017, une quarantaine de pays membres de l'Union sont partiellement ou intégralement « défaillants » en matière de paiement des cotisations ce qui a provoqué des écarts de financement importants entre le budget prévu et le financement réel. A l'évidence, les Etats défaillants sur cette question renâclent à honorer leurs obligations financières à l'endroit de l'organisation continentale ce qu'a conformé le Conseil exécutif de celle-ci qui parmi les recommandations qu'il a convenu de soumettre au 31ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement, dont les travaux ont débuté hier dimanche dans la capitale mauritanienne Nouakchott, a fait celle qu'il soit procédé à une révision plus lourde du barème des sanctions à l'encontre des Etats membres défaillants.

La ressource financière que procurent à l'Union africaine les cotisations de ses Etats membres ne peut certes à elle seule lui permettre d'assurer son autonomie financière qui lui donnera les moyens de sa souveraineté politique. Mais pour qu'il soit possible que l'Union parvienne à concrétiser l'ambition qu'elle s'est fixée de s'assurer l'autonomie financière à l'horizon de 2020 faut-il encore que les Etats « défaillants » manifestent la volonté de s'acquitter à son égard de leurs obligations financières. Si ces Etats renâclent à se mettre en règle vis-à-vis de l'union continentale, il y a peu de chance de les voir consentir à d'autres contributions financières qui lui permettraient d'avoir une autonomie qui consoliderait la souveraineté politique qu'elle s'emploie à se faire reconnaître sur la scène internationale.

Il ne peut être question de souveraineté politique pour une organisation régionale qui peine à se doter d'un budget à hauteur de cet impératif et se voit contrainte de faire appel à la « générosité » de bailleurs de fonds qui ne voient nul intérêt à l'affirmation de sa souveraineté politique. C'est dans cette situation de dépendance financière qui la condamne à être à la remorque de ses bailleurs de fonds étrangers qu'est l'Union africaine. Ses Etats membres semblent en avoir pleine conscience qu'ils ont manifestée en intégrant dans le projet de réforme institutionnelle de l'organisation la mise en place d'une mécanique financière qui comme l'a suggéré le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia devrait « tenir compte d'un minimum d'équilibre entre l'ensemble des Etats membres et de leurs capacités économiques ».

C'est ce sur quoi devront se mettre d'accord à Nouakchott les chefs d'Etat et de gouvernement africains. Mais pour que ce qu'ils décideront sur le sujet ne reste pas lettre morte, il y a que les Etats membres qui sont défaillants en matière de paiement des cotisations fassent comme les en a exhortés le Conseil exécutif de l'Union preuve d'engagement et de discipline. Beaucoup d'entre eux hélas se défileront sous de multiples et fallacieux prétextes car ne partageant pas l'objectif raison d'être de l'Union africaine qui est de faire accéder le continent au stade de l'émancipation politique vis-à-vis de parties étrangères qui exercent sur eux une tutelle qui les réduit à n'être que des prés carrés soumis à l'ingérence et astreints à faire obstacle à tout projet réellement et définitivement libérateur pour l'Afrique.