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Une loi révisée, et puis ?

par Moncef Wafi

La réponse du ministre de l'Energie devant le Sénat à propos de la loi sur les hydrocarbures n'apporte rien de nouveau sur ce qui a déjà été dit. S'il y a un aspect qui fait l'unanimité chez tous c'est que cette loi «concerne l'avenir du pays», pour paraphraser Mustapha Guitouni, et partant, il serait malencontreux, c'est peu de le dire, de faire n'importe quoi.

En effet, depuis le retour aux affaires de l'actuel P-dg de Sonatrach, qu'on dit proche de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, la modification de cette loi revient tel un leitmotiv, présentée par tous les acteurs agissants du secteur, à commencer par le Premier ministre, comme La Solution afin «d'améliorer l'attractivité de notre pays en direction des partenaires étrangers, notamment dans la prospection et l'exploitation des hydrocarbures», dixit Guitouni.

Ainsi, le tir groupé des explications veut que l'infructuosité de la plupart des appels d'offres lancés par l'Algérie pour la recherche et l'exploration pétrolières est parmi les raisons de la révision de ce texte. Pourtant, tous les intervenants, que ce soit Guitouni, Ould Kaddour ou encore Ouyahia, affirment à qui veut bien les croire que cette mouture en préparation n'affectera en rien la souveraineté nationale sur les hydrocarbures puisque la sacro-sainte règle des 51-49% y sera consacrée.

Difficile, cependant, de signer un chèque à blanc au gouvernement, connaissant l'historique de cette loi amendée, que certains n'hésitent pas à qualifier de loi Khelil bis, et qui a déjà fait braquer et les partis de l'opposition et certains experts économiques. Parmi les voix contradictoires, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) déclare être très inquiète et prétend que l'Algérie est en train de faire de plus en plus de concessions aux étrangers et que la révision concerne notamment la disposition relative à la taxe des superprofits.

Louisa Hanoune s'interrogeait notamment sur la nécessité de cette révision «pour supprimer les nationalisations ? Pour supprimer la règle du 51/49 ?». Des interrogations lourdes de sens en présence d'une volonté de «bradage» systématisée dans la seule perspective de parer à l'urgence de la crise. Pris à la gorge, l'Etat multiplie les appels de pieds en direction de l'extérieur et n'hésite pas à faire de la surenchère dans les concessions proposées. Si les concepteurs de cette révision se donnent encore moins de dix mois pour finaliser le projet de loi, il ne fait aucun doute que quel que soit son contenu, il passera comme une lettre à la poste devant le Parlement actuel et ouvrira grand les portes aux partenaires étrangers, comme cela est calculé.