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Se présenter ou non

par Moncef Wafi

Quid du cinquième mandat ? Tous les indicateurs actuels, puisés des discours des partis dits de la majorité, des rumeurs algéroises et des spéculations médiatiques, tendent vers une passation du pouvoir en 2019.

Il est loin le temps des appels ronflants à la reconduction de Bouteflika à El Mouradia et des convictions des uns, à leur tête le FLN, et le suivisme des autres, tractés par le RND quant à un cinquième mandat présidentiel. En l'absence de signaux forts, la seule certitude qui est de mise est celle de l'inconnu, puisque malin qui peut être formel à propos de ce dossier de succession. Et plus passe le temps, plus s'imbriquent les inconnues à plusieurs variables faisant des supputations, la seule source où puiser des bribes d'informations et de faux scoops sensationnels. Le fait même qu'on ait interdit de parole le très fantasque SG de l'ex- parti unique sur ce sujet prouve, si besoin est, que l'expectative est le maître mot de cette équation.

Devant cette absence de communication, même si l'échéance est encore éloignée dans le temps mais pas dans la logique de la course vers la présidence, certaines voix se démarquent en essayant de secouer le cocotier pour pousser soit à la réflexion, soit à la réaction. La dernière sortie médiatique de plusieurs «personnalités» venues de divers horizons, pour ce qu'elle vaut, appelant à travers une lettre ouverte le président de la République à ne pas se présenter pour sa propre succession et faire taire, du coup, les voix qui appellent à un cinquième mandat, participe à cet effort de réflexion intellectuelle pour trancher avec cet immobilisme préjudiciable à tout un pays.

Cette attente dans l'incertitude plonge et le peuple et les institutions de la République dans une situation qui ne peut être profitable qu'à cette faune d'affairistes qui ont mis la main sur tous les secteurs économiques stratégiques du pays. Squattant les sphères d'affaires, interférant sans vergogne dans les décisions souveraines de l'Etat, ils ont fini par miner les centres décisionnels. Certains observateurs imputent cette affaire des 701 kilogrammes de cocaïne saisis au port d'Oran à cette situation.

L'important pour le moment n'est pas de spéculer sur la reconduction de Bouteflika, sur la guerre des clans pour placer leurs pions, ni sur un quelconque prétendant au trône coopté par les forces en présence. Non, pour l'amour de ce pays, il est plus que temps qu'on sache de quoi demain sera fait si Bouteflika briguera un autre mandat ou qu'il laissera sa succession ouverte. Enfin de quoi 2019 sera fait.