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Folie «justicière»

par Kharroubi Habib

L'Amérique à laquelle la France et probablement d'autres puissances occidentale et les monarchies arabes régionales ont emboîté le pas va attaquer la Syrie si ce n'est déjà fait au moment où cet article sera lu. Donald Trump le président étatsunien qui a ordonné l'agression militaire a trivialement annoncé sa décision en twittant à l'intention de Moscou que des missiles «beaux et intelligents» vont s'abattre en Syrie. Le chef d'Etat de la plus grande puissance du monde démontre à nouveau qu'il traite les questions les plus graves et périlleuses pour la paix mondiale avec une effrayante légèreté.

Les frappes qui vont s'en prendre à des infrastructures militaires du régime - si ce n'est hélas à des cibles à peuplement civil - vont certes faire des dégâts et ajouter des ruines aux ruines dont la Syrie est le cimetière depuis que Washington et ses alliés ont entrepris sa déstabilisation pour en dépecer le territoire. Mais le régime syrien à qui s'en prennent leurs ordonnateurs ne tombera pas et ses alliés ne l'abandonneront pas. Au contraire elles vont raviver ses forces en soudant autour de lui la majorité patriote du peuple syrien et conforter le soutien et l'assistance que lui prodiguent ses alliés russes et iraniens.

Moscou et Téhéran ne se sont pas engagés à ses côtés au point que l'on sait pour se laisser intimider par le bombage de torse auquel s'adonnent Washington et ses alliés. Ce n'est pas au moment où Bachar El Assad et son régime sont sur le point de l'emporter sur la rébellion armée que lui ont suscitée l'Occident et les pétromonarchies que la Russie et l'Iran vont lui retirer leur soutien et le laisser seul face à une coalition qui tente un ultime usage de la force militaire pour inverser le cours du conflit syrien qui a tourné au désavantage de ses supplétifs locaux.

Pour duper les opinions publiques, Donald Trump et les autres dirigeants internationaux qui ont convenu avec lui l'agression militaire ont présenté celle-ci comme étant une opération relevant de l'assistance «humanitaire» à peuple en danger. Mais ces opinions publiques ne sont plus les «bisinous» qu'elles ont pu être au début du conflit quand elles se sont fait abreuver de «fake news» sur les raisons qui l'ont suscitée. Les oripeaux de «justiciers» sous lesquels ces agresseurs se présentent au monde ne trompent personne. Ce qu'ils entreprendront contre l'Etat syrien apparaît à tous comme une agression militaire qui viole la Charte des Nations unies qui plus est s'avérera gratuitement cruelle car n'allant avoir aucune incidence sur le dénouement du conflit. La Ghouta orientale a été reprise aux rebelles terroristes par le régime qui a par ailleurs restauré son autorité sur pratiquement l'ensemble du territoire syrien.

C'est cette cuisante réalité pour eux que ses ennemis extérieurs tentent de masquer aux opinions publiques en entretenant la militarisation du conflit par leur intervention directe. Avec la légèreté et l'absence de discernement qui sont les siennes, le chef de la plus grande puissance mondiale a pris le risque de mettre le monde au bord d'une conflagration généralisée en misant sur le pari qu'en faisant donner la force en Syrie il viendrait à bout du régime et effrayerait ses alliés. Sans se rendre compte ainsi que pour aussi puissante que l'Amérique reste, il est pourtant révolu le temps pour elle de l'arrogance et des diktats tant géopolitiques qu'économiques qu'elle imposait par la force au reste du monde. La Syrie est le théâtre d'opérations où elle découvre cette réalité.