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Al Assad a-t-il offert à ses ennemis le prétexte à leur intervention ?

par Kharroubi Habib

La faction radicale du groupe terroriste «Jaich al-Islam» qui a rejeté l'accord sur l'évacuation de Douma, le dernier bastion dans la Ghouta orientale où sont retranchés ses combattants, a de nouveau propagé par l'intermédiaire des habituelles mais controversées sources que sont l'OSDH et la prétendue organisation de secours civils dite des « casques blancs » la fausse information de l'utilisation d'armes chimiques par les forces gouvernementales qui assiègent la ville. Cela à l'évidence pour susciter un battage médiatique et des réactions internationales qui dissuaderaient les troupes gouvernementales de lancer l'ultime assaut en vue de reprendre le contrôle de Douma.

Ne font crédit à ce que ces controversées sources ont à nouveau propagé que les médias pour qui tout est forcément vrai qui contribue à alimenter leur campagne de matraquage anti-régime. Quant à ceux sur qui ce matraquage médiatique anti-régime n'a pas l'effet anesthésiant sur leur jugement, ils ont accueilli cette énième accusation d'utilisation des armes chimiques lancée contre le régime comme étant une séquence de la guerre psychologique menée contre lui par ses irréductibles ennemis, mais qui n'a aucune crédibilité à moins que le régime qui en est la cible a sombré dans l'irrationnel de commettre une faute qui risque de remettre en cause ce qu'il a gagné sur la rébellion armée non seulement dans la Ghouta orientale mais aussi sur les autres fronts à travers le territoire syrien.

Bachar Al Assad est ce que l'on veut mais certainement pas un aveugle incapable de discerner jusqu'où aller sans risquer d'offrir à ses ennemis extérieurs le prétexte d'intervenir militairement et directement contre son régime. Il sait que le prétexte de l'utilisation des armes chimiques est le dernier auquel ils s'accrochent après que celui de la lutte anti-Daech leur est devenu moins soutenable. Il est inconcevable d'imaginer qu'il puisse le leur avoir fourni alors que ses forces ont repris la Ghouta orientale et que Douma est sur le point de tomber entre leurs mains.

Peu importe aux irréductibles ennemis du régime que leur accusation ne résiste pas aux objections qui en démontent la véracité, l'essentiel pour eux est qu'elle serve de couverture pour ce qu'ils préméditent d'entreprendre en Syrie pour reprendre pied dans son conflit dans lequel leurs supplétifs locaux sont en pleine déconfiture et sur la résolution duquel ils n'ont plus prise. Aux puissances anti-régime il ne reste comme option pour revenir au premier plan dans ce conflit et peser sur son évolution qui a tourné à leur désavantage autant militaire que géopolitique que celle de leur implication militaire directe. Et bien entendu peu leur importe la fausseté du prétexte qu'ils donneront à celle-ci, pourvu que le battage médiatique orchestré lui donne un semblant de réalité.

L'on ne le répètera pas assez que les Etats étrangers qui ont planifié la catastrophe dans laquelle la Syrie a sombré n'acceptent d'être mis en échec par les résistances qu'a suscitées leur dessein. Des perdants, surtout quand ce sont des acteurs internationaux qui s'arrogent le « droit » de régenter l'ordre mondial à l'avantage exclusif de leurs intérêts nationaux, il faut s'attendre qu'ils s'obstinent à le faire valoir quitte à provoquer des situations aux conséquences terrifiantes pour la communauté internationale. Dans leur entêtement à vouloir renverser le cours des évènements dans le conflit syrien, il n'y a aucune des raisons « humanitaire » ou « civilisationnelle » qu'ils invoquent, mais la seule et unique froide résolution de perpétuer leur impériale gouvernance du monde en train d'être ébranlée dans ce pays.