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L'admirable courage des Palestiniens

par Kharroubi Habib

Au soir du premier vendredi du cycle de manifestations que la population de Ghaza a décidé d'entreprendre jusqu'au 15 mai prochain pour signifier à l'Etat sioniste et au monde entier que les Palestiniens n'abdiqueront jamais sur le droit au retour de leurs réfugiés sur leurs terres spoliées et en protestation contre l'inique blocus de la bande de Ghaza qui la réduit à vivre dans des conditions infrahumaines, les criminels responsables politiques et militaires israéliens ont prématurément jubilé en croyant que l'implacable répression qu'ils ont ordonnée contre les manifestants allait refroidir ces derniers et les dissuader de poursuivre leur mouvement. Ils déchantent à l'évidence au constat que malgré le carnage fait dans leurs rangs lors du premier face-à-face avec la soldatesque israélienne, les manifestants ont été tout aussi nombreux à revenir ce vendredi dernier défier la machine de mort israélienne déployée le long des lignes de démarcation entre la bande de Ghaza et l'Etat sioniste. Ce nouveau face-à-face entre pacifiques protestataires et l'armée israélienne s'est soldé par un autre massacre tout aussi lourd que le précédent.

Le monde entier a été encore une fois témoin en direct que sous prétexte que les manifestations qui se déroulent dans la zone tampon entre leur Etat et la bande de Ghaza visent à l'envahissement du territoire israélien et à porter la guerre en celui-ci, les autorités sionistes ont ordonné à leur soldatesque d'user contre les manifestants de tous les moyens militaires dont elle dispose. Ne se faisant plus d'illusion sur l'effet dissuasif auquel ils ont pensé soumettre les manifestants palestiniens en leur infligeant un carnage, Benyamin Netanyahu et l'état-major de l'armée israélienne tentent de justifier les horreurs que les soldats de leur pays commettent en affirmant ignominieusement que si les manifestants palestiniens sont toujours autant déterminés à braver l'appareil répressif israélien c'est parce qu'ils sont «payés» pour le faire.

En alléguant une telle abjection, la propagande de l'Etat sioniste a choqué les moins disposés dans l'opinion internationale à élever la voix pour condamner la sanglante répression visant à disperser les manifestations dont la zone tampon entre Israël et Ghaza est le théâtre. Cela s'est constaté au sein du Conseil de sécurité de l'ONU à nouveau saisi vendredi d'un projet de déclaration demandant la mise en place d'une commission d'enquête internationale et indépendante sur les «affrontements» israélo-palestiniens qui ont coûté la vie à des dizaines de Palestiniens désarmés et fait des centaines de blessés. Cette fois encore les Etats-Unis ont bloqué le projet mais en ne bénéficiant plus de la «compréhension» que leur ont manifestée les autres Etats occidentaux membres du Conseil lors de la réunion précédente convoquée au lendemain de la première tuerie. Le projet koweïtien allait être sûrement approuvé tant par la France que le Royaume-Uni mais a été abandonné à cause du blocage américain.

L'attitude états-unienne n'est pas pour surprendre. Elle est dans la logique du positionnement de Donald Trump et de son administration sur le conflit israélo-palestinien qui assure l'impunité totale à l'Etat sioniste même quand il commet le crime de massacrer des manifestants palestiniens pacifiques au vu et au su du monde entier. Le feu vert donnant latitude à l'armée israélienne de tuer délibérément et sans retenue est indubitablement venu de Washington où la tentation d'en terminer de cette façon avec la résistance des Palestiniens au plan de «paix» américain est désormais ancrée dans l'esprit de Donald Trump et de l'équipe d'ultra-sionistes qu'il a chargée de l'exécution de ce plan.