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L'ONU gifle les va-t-en-guerre marocains

par Kharroubi Habib

Amplifiant l'agitation faite par les autorités de son pays autour de prétendues incursions militaires du Polisario dans la zone tampon au Sahara occidental visant selon elles à y créer un « Etat de facto », le représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU a adressé lundi une lettre au Conseil de sécurité l'appelant à « exiger le retrait immédiat » du Polisario de cette zone, en soulignant que son pays considère comme un « casus belli » les soi-disant mouvements militaires qui y auraient eu lieu.

Las pour l'inénarrable diplomate marocain, le porte-parole de l'ONU s'est inscrit en faux contre les allégations de Rabat en déclarant que la Minurso déployée dans la zone tampon n'a observé aucun mouvement de la sorte. Le démenti onusien confirme clairement que le battage diplomatico-médiatique auquel s'adonne Rabat autour des prétendues incursions militaires du Polisario est une opération de diversion à destination de la population marocaine au sein de laquelle la colère gronde contre un pouvoir royal qui n'a tenu aucune de ses promesses et dont la corruption est cause du marasme économique et social auquel elle est confrontée.

C'est pourtant sur ce mensonge dévoilé par l'ONU à travers la déclaration du porte-parole de son secrétaire général que Mohamed VI et son ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita ont concocté l' «offensive» diplomatique qu'ils ont décidé d'entreprendre pour justifier le branle-bas belliqueux qu'ils ont déclenché dans le Royaume avec pour cible la voisine Algérie. De Paris où il séjourne depuis des semaines, le monarque alaouite a en effet annoncé qu'il va «informer tous les dirigeants de pays amis des développements que connaît la région» alors que son chef de la diplomatie a entrepris lui de se rendre dans le même but à Paris et à Washington.

Leur mensonge mis à nu, les autorités marocaines n'en persistent pas moins à battre tambour de guerre au prétexte d'un «casus belli » qu'elles ont créé de toutes pièces et avec l'espoir que leur «détermination» affichée susciterait la crainte au sein de la communauté internationale de l'ouverture d'un conflit armé régional et l'inciterait à faire pression sur le Polisario et l'Algérie. Ce qui redorerait le prestige en quenouille de la monarchie et du trône auprès de la population marocaine. Acculés qu'ils sont, le monarque alaouite et le Makhzen ont fait le choix hasardeux d'amplifier la tension régionale avec le calcul que la situation ainsi créée provoquera l'union « sacrée » autour du roi et de son gouvernement.

Mohamed VI réutilise la recette de la diversion héritée de feu son père Hassan II de sinistre mémoire. Pas sûr pourtant que la monarchie alaouite en tire encore cette fois profit tant le discrédit qui la frappe a atteint le point de non-retour au sein d'un peuple marocain qui s'en détourne de plus en plus ouvertement comme le prouve l'extension de la contestation politico-sociale dans le Royaume et sa contagion des couches sociales traditionnellement peu enclines à braver le trône et le Makhzen.

Il est enfin à faire remarquer que les autorités algériennes dont le pays est cible des menaces et provocations marocaines observent une attitude sereine et s'interdisent de faire le jeu de Rabat qui cherche manifestement à provoquer chez elles des réactions qui susciteraient l'aggravation des fausses tensions servant la machination marocaine de la diversion.