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La conspiration du silence et des lâchetés

par Kharroubi Habib

Le Koweït, Etat arabe et membre actuel du Conseil de sécurité, ne pouvait faire moins que de soumettre à cette instance des Nations unies un projet de déclaration faisant état de l'inquiétude suscitée dans la communauté internationale par les tragiques évènements survenus vendredi à la frontière entre Israël et la bande de Ghaza. Celui que le Koweït a effectivement présenté a été soigneusement rédigé pour ne pas être interprété comme blâmant l'Etat sioniste dont l'armée a perpétré un carnage en réprimant la manifestation pacifique organisée par les Palestiniens à l'occasion de la «journée de la terre».

Le projet koweïtien s'est limité à «faire part de la profonde inquiétude quant à la situation à la frontière entre Ghaza et Israël», à demander «une enquête indépendante et transparente» sur les violences qui ont eu lieu et à appeler «toutes les parties à la retenue et à prévenir toute escalade supplémentaire». Comme il fallait s'y attendre, il a été néanmoins bloqué par les Etats-Unis. Cette tentative avortée de faire s'exprimer le Conseil de sécurité sur le grave et sanglant évènement dont la frontière israélo-palestinienne a été le théâtre est la seule à avoir été tentée.

Le massacre effectué par l'armée israélienne dans les rangs d'une manifestation pacifique et qui plus est se déroulant du côté ghazaoui de la frontière n'a pas à l'évidence interpellé les «bonnes consciences» qui se sont autoproclamées «communauté internationale». Leur indifférence cynique devant le carnage survenu rend pathétiquement dérisoire l'appel lancé par le président palestinien Mahmoud Abbas demandant la protection internationale pour son peuple désarmé et soumis à la violence abjecte qu'exerce sur lui l'Etat occupant. Ces «bonnes consciences» se sont donné une raison pour ne pas élever la voix. Celle que les gouvernants fascistes de l'Etat hébreu leur ont instillée, à savoir que la marche pacifique palestinienne aurait été en fait une opération montée par l'organisation islamiste «terroriste» Hamas qui sous son couvert a tenté d'infiltrer des groupes armés en territoire israélien. Le plus révoltant dans leur attitude est qu'elle se fonde sur un mensonge dont Israël est coutumier et le leur sert à chaque fois qu'il fait donner son armée contre la population palestinienne.

On les entendra bien entendu «regretter» ou «déplorer» les morts palestiniens mais sans en blâmer l'Etat sioniste qu'elles présenteront comme ayant réagi en état de «légitime défense». De cette communauté internationale et de ses «bonnes consciences» les Palestiniens n'ont rien à attendre d'autant que leurs frères arabes leur donnent l'exemple dans la course à l'abandon et à la trahison de la cause palestinienne. Où était Mohamed Ben Salman quand la soldatesque israélienne s'est déchaînée contre la population palestinienne ? Il était en Amérique en train de courtiser l'AIPAC et les autres lobbys juifs américains pour qu'ils donnent leur bénédiction à sa croisade anti-iranienne. Qu'a-t-il dit sur le carnage dont a été victime cette population palestinienne ? Rien et a dû même rassurer les lobbys juifs qu'il n'aura aucune incidence sur le rapprochement de son pays avec l'Etat sioniste.

Quoi de plus probant en terme d'assurance que ce silence de l'homme fort de la monarchie wahhabite et de preuve que celle-ci ne se formalisera pas du massacre de Palestiniens manifestant pacifiquement. Que tous les Palestiniens soient massacrés, cela n'émeut pas MBS pour qui seul compte la survie de la dynastie des Al Saoud qu'il sait entre les mains de l'Amérique et d'Israël.