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De la «guéguerre» entre Ould Abbès et Tliba

par Kharroubi Habib

La «guéguerre» que se font Djamel Ould Abbès et Baha Eddine Tliba n'a pas pour cause la question du cinquième mandat pour Bouteflika auquel tous deux sont acquis. Elle est symptomatique du fait qu'il n'y a pas consensus au sein du clan présidentiel sur le plan de substitution envisageable au cas où le président en viendrait pour raison de santé insurmontable à décider de ne pas «rempiler».

Les coteries dans ce milieu auxquelles appartiennent respectivement les deux hommes ne semblent pas avoir la même vision sur qui se rabattre dans ce cas. Celle pour laquelle roule Djamel Ould Abbès cherche à faire du FLN qu'il contrôle l'arbitre du débat que suscite la possibilité du jet d'éponge par Bouteflika, ce que paraît contester la coterie qui est derrière Tliba à travers la manœuvre entreprise par lui de créer en dehors de l'ex-parti unique un comité de soutien au cinquième mandat. Ce n'est pas tant à fédérer les soutiens à ce cinquième mandat que s'emploient Tliba et ceux qui l'inspirent qu'à constituer une force d'influence en mesure de peser sur le choix auquel le FLN devra donner sa condition. Il apparaît en clair que si le clan présidentiel n'est pas divisé sur l'option d'un cinquième mandat, il n'est nullement soudé sur la problématique de la succession qu'ouvrirait le renoncement à celui-ci par Bouteflika.

Le silence présidentiel sur cette « guéguerre » que les protagonistes déclament mener par fidélité à sa personne tend à démontrer que Bouteflika entretient le flou sur ses intentions même à l'égard des coteries qui s'agitent dans son clan. En laissant faire, il se donne probablement l'opportunité d'avoir une vision précise sur le positionnement des uns et des autres dans la perspective où il en viendrait à décider de ne pas briguer de cinquième mandat. Ce qui lui permettrait en ayant une juste appréciation du rapport de force entre les coteries du clan de négocier au mieux les conditions de sa succession.

Djamel Ould Abbès et Baha Eddine Tliba se font une « guéguerre » qui au fond arrange Bouteflika au sens qu'elle est une opération d'enfumage de l'opinion publique en même temps qu'elle contraint la faune du sérail à se déterminer sur l'éventualité de la succession. L'autre avantage qu'elle présente pour lui est qu'elle peut être révélatrice du sentiment qu'ont les Algériens sur le principe même d'un cinquième mandat qu'il sait vouloir sauf à en être dissuadé par les impératifs échappant à sa propre volonté que seraient la détérioration implacable de son état de santé ou une situation créée par l'intrusion de la rue visant à lui en contester l'exercice. Pendant ce temps, l'Algérie se débat dans une crise qui pose à l'évidence la nécessité absolue pour le pays d'en finir avec un système et une classe dirigeante qui en sont le problème alors qu'ils s'en considèrent la solution et manœuvrent pour se maintenir.