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De bons et mauvais contestataires

par Kharroubi Habib

L'élection présidentielle au Honduras en Amérique latine a donné lieu à une fraude au profit du président de droite sortant Juan Orlando Hernandez dont Washington s'est empressé de reconnaître la «victoire» alors même que la population hondurienne est en situation de quasi-insurrection en protestation contre le hold-up électoral commis par le président sortant et ses partisans. Les Etats-Unis ont fermé les yeux non seulement sur la fraude électorale, mais aussi sur la féroce répression qui s'abat sur les manifestants pacifiques et les dizaines de morts qu'elle a faits dans leurs rangs.

L'attitude américaine en l'occurrence n'est pas pour étonner. Il n'est pas en effet dans la tradition des Etats-Unis de soutenir des mouvements populaires de contestation qui s'en prennent à des dirigeants qui sont leurs alliés. Ce qui est précisément le cas de Juan Orlando Hernandez dont la soumission à Washington ne s'est jamais démentie. Pour le maintenir au pouvoir, son protecteur américain a fait la sourde oreille aux doléances de l'opposition hondurienne appuyées par un vaste mouvement citoyen. La position de Washington confirme ainsi que la politique américaine est à géométrie variable s'agissant de la question des droits de l'homme et des peuples.

Il faut se rappeler que les Etats-Unis ont rompu avec le Venezuela au motif que dans ce pays les élections ont donné lieu à des «fraudes» et que l'opposition qui en conteste les résultats est réprimée par les autorités aux ordres du président Maduro. Ce qu'ils dénoncent s'agissant du Venezuela est pourtant véritablement attesté dans le cas du Honduras sans les avoir fait réagir de la même façon à l'égard de ce pays.

Au Venezuela, le président «contesté» a le tort pour les Américains de refuser de se plier à leur tutelle tandis que celui du Honduras est dans la soumission. Ce sont ces considérations qui sont à la base du comportement américain dans les deux cas et peu leur importe qu'ils soient contradictoires. Alors qu'il fustige avec véhémence les «violations» des droits du peuple vénézuélien bafoués selon lui par Maduro et son régime et a engagé contre ces derniers une véritable guerre économique et financière pour les déstabiliser, Donald Trump a pris le parti du président sortant hondurien contre son peuple.

Les Etats-Unis ne se rappellent qu'ils défendent les droits de l'homme et la démocratie que s'agissant d'Etats et régimes dont la vassalité à leur égard n'est pas probante. Le monde arabe est dans le chaos en raison du cynisme avec lequel cette puissance pratique ce précepte aux Etats qui le constituent. Il en récolte qu'en guise de changement la déstabilisation sélective qu'opère sa mise en œuvre que la consolidation des dictatures alliées à Washington et le remplacement de celles qui ont la tare d'avoir eu des velléités d'affranchissement à son égard par d'autres dictatures conformes à ce qu'en attendent les Américains : à savoir encadrer et museler leurs peuples et être les supplétifs zélés de leur prétention à l'hégémonisme impérialiste de l'Amérique.