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Qui menace la paix mondiale ?

par Kharroubi Habib

En faisant demander par son ambassadrice auprès de l'ONU une réunion d'urgence du Conseil de sécurité consacrée à l'Iran secoué par des mouvements de protestation, Donald Trump a lamentablement cru que la diplomate américaine parviendrait à convaincre l'instance onusienne que ce pays était en proie à une situation internationale qui justifierait le droit d'ingérence et par voie de conséquence la position qui est la sienne. Mais l'ambassadrice en question a eu beau noircir le tableau des événements se déroulant en Iran et presser les membres du Conseil de sécurité à les déclarer comme pouvant générer une menace pour la paix nécessitant l'intervention de leur instance, elle n'a obtenu en retour qu'un large désaveu et de l'initiative qu'elle a prise et de l'intention américaine qui en a été à l'origine.

Alors qu'il n'apparaissait pas du tout que la situation en Iran était chaotique au point d'inquiéter la communauté internationale, les gesticulations américaines ne pouvaient que susciter réserves et désapprobations de sa part tant elles ont été révélatrices que Washington s'est adonnée à une tentative de manipulation des esprits visant à leur faire admettre sa présentation des faits. Dans sa majorité, le Conseil de sécurité s'est prononcé contre l'ingérence internationale réclamée par l'inquiétante ambassadrice américaine. Ce qui vaut aux Etats-Unis d'enregistrer en moins d'une quinzaine de jours trois retentissants camouflets diplomatiques au sein de l'instance suprême onusienne qui leur valent confirmation de leur isolement international.

Avec sa calamiteuse tentative d'instrumentalisation du Conseil de sécurité sur la situation prévalant en Iran, le président américain a démontré qu'il fait fi du principe de la non ingérence dans les affaires intérieures des Etats et qu'il cherche à l'évidence à se donner le prétexte de mettre à exécution sa décision de dénoncer l'accord international sur le nucléaire iranien auquel son pays a été contractant. Si la paix dans le monde est assurément menacée, ce n'est pas de l'avis général le fait des «Etats voyous» dénoncés comme tels par le président de la plus grande puissance de la planète. Elle l'est indubitablement parce que cette puissance qui se prétend en être la garante a confié son destin à un apprenti sorcier dont l'incompétence et l'arrogance cynique se conjuguent dans les décisions qu'il prend en son nom.

Trump donne d'autant libre cours sur la scène internationale à son caractère provocateur qu'il se voit dévoilé pour être la plus grande calamité politique que se sont infligée ses concitoyens en l'élisant et que pour leur faire changer d'opinion, il n'a que cette attitude à avoir qui peut réveiller leur «patriotisme» et leur faire taire le désenchantement qu'il suscite en eux. C'est à cet objectif que répond la politique internationale suivie par ce dangereux personnage, qui se traduit en des initiatives qui ont pour point commun d'attiser les crises internationales en cours et d'en susciter de nouvelles et en l'affirmation que leur solution est du ressort de la seule Amérique et que ceux qui s'opposent à elle sont des «Etats voyous» qu'il faut détruire. Avec Donald Trump à la Maison Blanche ce ne sont pas la Corée du Nord, l'Iran et encore moins la Russie ou la Chine, pas même le terrorisme international qui représentent la vraie menace pour la paix mondiale, mais l'Amérique dont il est aux commandes et dont il veut pérenniser l'hégémonie quitte à provoquer la catastrophe universelle.