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Un printemps précoce

par Moncef Wafi

Le printemps perse ou la main étrangère. Téhéran évoque un complot contre la stabilité du pays et accuse le triumvirat israélo-américano-saoudien, même s'il ne le cite pas nommément, de chercher à renverser le régime des Mollahs. Si le président iranien, Hassan Rohani, est personnellement attaqué, le rendant directement responsable des difficultés économiques du pays, les manifestations de Machhad, au Nord-Est, ont ce quelque chose de déjà vu qui a précipité la Libye et la Syrie dans l'enfer de la guerre civile. L'équilibre régional, même s'il n'est pas encore remis en question, est sérieusement entamé et l'Iran, longtemps dans la ligne de mire des Saoudiens pour un leadership, avant tout, confessionnel, se retrouve au centre de l'actualité contestataire. Le scénario, rôdé dans les laboratoires des services secrets occidentaux, livre, en premier, le pays à un soulèvement populaire «improvisé» puis à la propagation du feu, alimenté par des médias en service. Le conflit armé survenant avec la bénédiction des capitales mondiales, Washington, Paris et Londres en tête du cortège. Pourtant, et même si les probabilités de voir l'Iran victime de l'instabilité étaient réelles, l'impact de la crise offre, lui, plusieurs pistes de réflexion. La crise économique qu'on a soupçonnée atténuée par la levée de l'embargo sur Téhéran, a dû certainement laisser des séquelles plus prononcées dans le niveau de vie des Iraniens. La sécurité intérieure du pays est également remise en question puisque, après avoir été frappé par un attentat terroriste l'année dernière, il est pris en défaut, se faisant déborder sur le plan social. Il ne fait aucun doute de l'implication, au moins indirecte, de puissances étrangères dans ce qui se passe actuellement en Iran, et même si la situation reste maîtrisée, les événements de Machhad sont toutefois un tir de sommation et un sérieux avertissement en direction de la République islamique. L'engagement de Téhéran aux côtés du régime de Bachar Al-Assad, les accusations de Riyad de financer les groupes houtis au Yémen et surtout son parapluie politique et militaire offert au Hezbollah libanais ont fait du pays une cible de choix dans l'agenda du nouvel ordre mondial et précipitant la stabilité régionale dans une spirale d'incertitude.