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Orchestration de la tension au Moyen Orient

par Kharroubi Habib

Sur tous les fronts où l'Iran et l'Arabie Saoudite s'affrontent en des guerres par procuration ayant pour cause leur rivalité d'Etats aspirant à asseoir leurs prétentions respectives concurrentes au leadership régional, il ressort indubitablement que cela est en train de tourner au désavantage de la monarchie wahabite. Ce qui affole à l'évidence ses dirigeants au point d'en être arrivé à envisager de prendre le risque d'engager un conflit armé direct avec la République islamique voisine. Et que tendent à confirmer les propos franchement menaçants formulés en direction de Téhéran et par l'homme fort de la monarchie arabe le prince héritier Mohamed Ben Salman et par son ministre des Affaires étrangères, l'avisant que le royaume ne restera pas les « bras croisés » devant les « agressions directes » de sa part ayant visé leur pays.

Il ne fait aucun doute que l'implusif et fougueusement va-t-en-guerre prince héritier est tenté d'aller à la confrontation avec l'ennemi iranien. D'autant qu'il semble y être poussé par l'attitude anti-iranienne des Etats-Unis, pays protecteur de la dynastie wahabite, et par le fait qu'il peut compter sur une intervention militaire d'Israël à ses côtés.

Tout ce qu'ont déclaré ces derniers temps les dirigeants séoudiens aussi bien sur les implications iraniennes dans les conflits qui se déroulent au Moyen Orient que sur la menace qu'y fait planer le potentiel militaire de Téhéran est destiné à justifier que l'axe Ryad-Tel Aviv-Washington désormais avéré n'a d'autre solution que de croiser le fer avec une République islamique acharnée à destabiliser le Moyen Orient aux fins d'en prendre le contrôle et d'y imposer son ordre. La crise politique libanaise fomentée par le Palais royal séoudien est une séquence de l'opération de diabolisation effrenée de l'Iran qui prépare la confrontation armée avec lui. En faisant du Liban leur terrain de la manœuvre préparatoire à cette confrontation, l'Arabie saoudite offre le prétexte à ses alliés de leur intervention à ses côtés. Israël le démontre en faisant monter la tension dans ce pays et dans la région en s'adonnant à des démonstrations de force qu'il sait provocatrices pour l'Iran et l'ensemble de ses alliés libanais et régionaux. Il ne fait aucun doute que l'embrasement du Liban provoquera celui de toute la région dont l'axe israélo-saoudien et américain en profitera avec l'espoir d'en finir avec le « problème » iranien. Ce scénario est pourtant à haut risque certain pour la vulnérable monarchie wahabite dont les agissements sur la scène régionale et internationale lui valent plus de détracteurs que de partisans. Sa mise en œuvre pourrait valoir à la dynastie régnante d'être balayée. Ce qui ne contrariera pas grand monde tant la conviction est devenue quasi unanime au sein de la communauté et des opinions publiques que la monarchie qu'elle dirige est une survivance moyenâgeuse dont le maintien fait obstacle à l'ancrage du Moyen Orient dans le train du développement et de la modernisation qu'ont pris peu ou prou les autres régions de la planète.