Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Paris-Alger : les non-dits des officiels

par Kharroubi Habib

La réunion à Alger de la 4ème session du Comité économique mixte algéro-français (Comefa) s'est soldée par la signature de trois partenariats économique et industriel dont celui actant enfin l'installation en Algérie par PSA Peugeot d'une usine de montage de voitures a donné lieu à des déclarations tant du côté officiel algérien que français dont les teneurs ont convergé pour créditer de solides et positives les relations bilatérales entre leurs deux pays et ainsi contredire les commentaires et analyses qui présentent celles-ci comme mises à mal par des frictions qui en perturbent l'harmonie et freinant leur développement. Mais parce que sachant qu'il y a du vrai dans ces commentaires et analyses, les ministres autant algériens que français ont dû tout de même convenir que le partenariat et la coopération entre leurs deux pays « peinent » à atteindre le niveau « exceptionnel et stratégique » auquel le président Bouteflika et ses homologues français successifs ont voulu les faire accéder.

Ni les officiels algériens ni leurs interlocuteurs français n'ont cependant franchement étalé les causes qui font blocage à la perspective envisagée par leurs chefs d'Etat respectifs pour les relations algéro-françaises. Ils ne pouvaient le faire sans admettre ce faisant qu'un partenariat authentiquement exceptionnel et stratégique entre l'Algérie et la France est encore difficilement envisageable car il subsiste trop de divergences autres que celles qu'ils ont au plan économique qui parasitent leurs essais de rapprochement et d'entente.

La raison d'Etat qui imprègne le comportement des dirigeants des deux pays ne peut se satisfaire du découplement entre la chose économique et celle politique que le président Bouteflika et ses homologues français ont cherché à réaliser dans les relations algéro-françaises. Cet impossible découplement fait que le partenariat économique qu'Alger et Paris tentent de dimensionner au niveau exceptionnel et stratégique se trouve négativement impacté par les contingences politiques découlant de la mésentente voire de la franche rivalité qui oppose les deux pays sur des dossiers régionaux et internationaux. L'on a beau dire des deux côtés de la Méditerranée qu'il ne faut pas mélanger les genres dans les relations bilatérales, rien d'exceptionnel et encore moins de stratégique ne peut se bâtir entre deux Etats dont les rapports sont soumis à tensions à cause multiple qui en font des adversaires plus que des partenaires.

L'Algérie et la France sont devant cette situation qu'elles ne sont pas prêtes à dépasser car chacune ancrée dans la certitude que ses positions sur les dossiers conflictuels émanent de la raison d'Etat et de la défense de ses intérêts géopolitiques. L'exercice auquel s'adonnent les officiels tant algériens que français tendant à minorer l'impact des sujets qui fâchent sur les relations algéro-françaises et notamment sur le partenariat économique entre Alger et Paris est pure convenance diplomatique et tentative de masquer la réalité d'une mésentente entre les deux pays qui ne peut s'éteindre en la niant simplement.