Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Déficit d'images

par Moncef Wafi

Comme si nous n'avions pas besoin de mauvaise publicité à l'étranger, voilà qu'une vidéo fait le buzz sur les réseaux sociaux, relayée par la chaîne TV d'information en continu, France 24, et reprise par Closer, un hebdomadaire people. L'histoire est celle du pylône à haute tension planté au milieu d'un des nouveaux tronçons de l'autoroute, à proximité de l'agglomération de Baba Ali, à une vingtaine de kilomètres environ au sud d'Alger.

Dès le lendemain de la diffusion d'un reportage sur une chaîne privée de télévision, la Sonelgaz a retiré le pylône sous l'œil des caméras. Pour la compagnie nationale du gaz, la ligne électrique était là avant le bitume. De son côté, la direction des travaux publics assure que le tronçon de l'autoroute en question n'était pas ouvert à la circulation et qu'il devait l'être une fois le poteau électrique déplacé. En clair, la faute revient aux automobilistes qui sont passés outre l'interdiction de circuler sur l'asphalte. Au-delà de cette sordide histoire de l'œuf et de la poule, c'est l'image du pays qui souffre encore et toujours du manque de sérieux dans la gestion de la chose publique. L'impunité qui enfante l'irresponsabilité, l'absence de rigueur et le peu de professionnalisme dans le suivi des décisions théoriques ont pollué le pays et surtout exporté une mauvaise image de ces réalisations.

Le déficit d'images positives est rendu d'autant plus douloureux par la succession de clichés discréditant l'Algérie à tous les niveaux. Les procès pour corruption dans les affaires de Sonatrach et l'autoroute Est-Ouest, le dossier des migrants subsahariens, l'emprisonnement de blogueurs pour délits d'opinion, le traitement des libertés individuelles et religieuses ont aussi ébréché cette vitrine tournée vers l'extérieur. Les mauvais exemples médiatiques nous viennent également de nos nationaux à l'étranger avec les vagues successives des boat-people algériens et l'étalage du linge sale avec l'agression subie par l'activiste politique Rachid Nekkaz par un des proches de l'ancien patron du FLN Saadani.

Le déficit d'images est aussi officiel renvoyant le reflet d'un pays aux antipodes de la communication de crise. L'image même du chef de l'Etat est ainsi sujette à des commentaires négatifs d'ici et de là-bas. En fait, et hormis les épopées de notre équipe nationale de football, seules exportatrices d'images positives, le reste de l'Algérie n'est qu'un mauvais film en noir et blanc.