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La bataille d'Abidjan, une épreuve pour l'Union africaine

par Kharroubi Habib

Pour le sommet d'Abidjan entre Européens et Africains, les deux Unions en charge de son organisation ont définitivement convenu qu'il revient à l'institution africaine de statuer sur ce que sera la représentation continentale. Ce qui rendra irrecevable la contestation que la diplomatie marocaine va déployer pour tenter d'empêcher que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) prenne part aux travaux du sommet.

Mais comme la rencontre aura lieu dans la capitale d'un pays, la Côte d'Ivoire, dont les gouvernants ont épousé la thèse marocaine sur le conflit du Sahara occidental, il faudra s'attendre à ce que les perturbateurs marocains vont probablement bénéficier de la complaisante complicité de la part de ses autorités.

La question qui se pose est de savoir si leur complaisance ira jusqu'à créer une situation qui ferait avorter la tenue du sommet. L'obstruction par les diplomates marocains à la présence de la RASD dans les forums et autres rencontre réunissant l'Afrique à des parties tierces s'exprime au mépris de la position en la matière de l'Union africaine et dans des formes qui sont scandaleuses et humiliantes pour les partenaires de l'Afrique au point qu'ils optent pour leur renvoi ou annulation pure et simple. Que l'Afrique n'a rien à gagner à l'étalage dans ces conditions de l'obstination de l'un des membres de son organisation continentale à exiger de celle-ci qu'elle se plie à ses diktats et renonce à l'un des fondamentaux sur lesquels repose sa raison d'être, cela n'interpelle nullement le souverain marocain et sa diplomatie dont la seule obsession est d'obtenir la non reconnaissance de la RASD en tant qu'Etat fondé à parler au nom du peuple sahraoui.

Ils sont d'autant encouragés à ignorer les intérêts de l'Afrique qu'ils se savent cyniquement approuvés par la puissance extracontinentale, la France en l'occurrence, qui souffle pour les attiser sur tous les feux de discorde qui peuvent contrecarrer le projet d'unité africaine. Le soutien diplomatique qu'elle fournit en toutes occasions au Maroc se double des pressions que Paris exerce sur les Etats africains dont à force d'avoir barre sur eux, ils en sont encore à être le pré carré français en Afrique qui prend ses ordres à l'Elysée et au Quai d'Orsay. La Côte d'Ivoire est l'un des pays formant ce pré carré africain de la France. Il n'y a guère à espérer de lui qu'il fasse passer son attachement au respect des fondamentaux de l'Union africaine avant ses sympathies marocaines et un comportement que lui dicterait l'obligation de son appartenance à la chasse gardée française sur le continent.

A Abidjan, l'on assistera par conséquent probablement à une réédition du lamentable spectacle d'une délégation marocaine qui faute d'obtenir que l'Union africaine se disqualifie en se pliant à son vouloir, fera tout en comptant sur les complaisances qui ne manqueront pas d'être agissantes pour faire capoter le sommet et ainsi ajouter une pierre à l'œuvre de destruction de l'intérieur que le Maroc a entrepris contre l'Union africaine depuis son admission en son sein quémandée par lui dans ce but avant tout.