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L'indépendance du Kurdistan, une séquence du GMO

par Kharroubi Habib

Malgré l'opposition fermement exprimée du gouvernement irakien, le vote contre par le Parlement de Baghdad et sa suspension prononcée par la Cour suprême irakienne, le référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien voulu par les autorités de la région a eu lieu hier 25 septembre. Comme il fallait s'y attendre, les Kurdes irakiens qui aspirent à un Etat indépendant ont massivement participé à la consultation et le sens de leur vote ne fait aucun doute. Pour autant, il n'est pas acquis que l'indépendance du Kurdistan irakien leur sera chose acquise.

La perspective suscite des oppositions en Irak et dans les pays voisins qui en se conjuguant pourront lui faire échec. Il est en effet certain que ni le gouvernement irakien pour qui il n'est pas question que la région kurde se sépare du reste de l'Irak, ni la Turquie, l'Iran ou la Syrie qui ont eux aussi leurs minorités kurdes ne resteront les bras croisés devant la situation qu'elle créera. La probabilité de leur réaction à ce qu'ils considèrent comme constituant une menace pour l'intégrité de leurs nations n'a pas échappé aux grandes puissances ayant des intérêts au Moyen-Orient. Face à ce qui pourrait en découler pour un Moyen-Orient déjà en proie à des crises et des conflits dangereux pour la paix mondiale, elles ont tenté de dissuader les autorités du Kurdistan irakien d'organiser le référendum du moins dans un contexte aussi explosif que celui dans lequel elles ont choisi de le faire.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont fait pression sur le leader kurde irakien Massoud Barzani pour qu'il diffère à un autre temps la consultation controversée, non pas parce qu'ils sont fondamentalement contre l'indépendance qu'il revendique pour la région qu'il dirige, mais parce qu'elle sera source de complications au Moyen-Orient qui risquent de précipiter le déclin de leur influence dans la région. Ces trois puissances ont une part de responsabilité accablante dans ce qui se joue dans le référendum qui a eu lieu au Kurdistan irakien.

Ce sont leurs politiques qui ont créé les conditions aux soubresauts conflictuels que connaît le Moyen-Orient. Les objectifs de ces politiques ont pour finalités convergentes la recomposition géopolitique du Moyen-Orient en autant d'entités qu'il existe dans la région, d'ethnies et de communautés religieuses. Ce que le plan conçu par les néoconservateurs américains ayant accédé au pouvoir aux Etats-Unis avec George W. Bush a froidement et cyniquement dessiné. Un Kurdistan irakien indépendant en était concevable. Ce qui évidemment a encouragé Barzani et les autres dirigeants de cette région irakienne à revendiquer l'indépendance.

Tactiquement, les Etats-Unis font semblant d'être contre la voie qu'ils ont choisie mais en réalité ils leur ont créé les conditions de réaliser leur but. L'émergence d'un Etat kurde susciterait par contagion celle des autres entités basées sur l'appartenance ethnique ou religieuse de leurs populations telle que prévue par le fameux plan du Grand Moyen-Orient que l'on aurait tort de considérer comme ayant été enterré parce que ses concepteurs ne sont plus aux affaires à Washington. Il est toujours à l'œuvre avec la complicité des organisations et groupes pseudo-djihadistes qui servent de justification à la présence militaire occidentale dans la région.