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A Deir Ez-Zor, Damas déjoue le plan américano-sioniste

par Kharroubi Habib

Hier, l'armée syrienne a brisé le siège imposé par l'organisation terroriste autoproclamée l'Etat islamique à la partie de la ville de Deir Ez-Zor et fait jonction avec ses éléments qui y ont été enfermés pendant près de trois années en compagnie d'environ quatre vingt dix mille civils. Par ce haut fait d'armes que les forces gouvernementales s'apprêtent à conclure par la reprise totale de la ville, l'un des derniers bastions de l'Etat islamique en Syrie, rend illusoire le projet qu'ont eu les Américains de les prendre de vitesse en lançant vers Deir Ez-Zor une offensive de même nature qu'ils ont envisagé confier aux groupes rebelles sous leur contrôle.

En brûlant la politesse aux Américains et à leurs sous-traitants locaux, le régime déjoue le plan qui a sous-tendu l'opération qu'ils ont projetée consistant à l'empêcher de reprendre le contrôle de Deir Ez-Zor et de sa province éponyme, ce qui permet le rétablissement d'un corridor terrestre entre la Syrie et l'Irak permettant à son armée de recevoir du ravitaillement en armes en provenance d'Iran. Pour autant, les Etats-Unis ainsi qu'Israël ne manqueront probablement pas de tenter de contrecarrer le retour de la ville et de sa province dans le giron de l'Etat syrien en réactivant la confrontation entre leurs groupes armés stipendiés et les forces gouvernementales. C'est pourquoi si pour l'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura la libération de Deir Ez-Zor par les forces gouvernementales syriennes va être effective à plus ou moins brève échéance, il va falloir faire en sorte qu'elle soit annonciatrice du « début de la paix en Syrie et que le défi à relever aujourd'hui est précisément celui-ci ».

La question qui reste posée est celle de savoir si l'Amérique et ses alliés internationaux et régionaux tirant l'enseignement qu'en Syrie le rapport de force étant désormais en défaveur de la rébellion armée qu'ils ont suscitée et entretenue, ils vont mettre fin à leur entreprise visant à faire tomber le régime de Damas et s'en tenir à contribuer à mettre fin à la présence en Syrie de l'organisation terroriste, l'autoproclamé Etat islamique. A cet égard, les prochains rounds de négociation appelés à s'ouvrir tant à Astana qu'à Genève seront révélateurs de leur intention par l'attitude que leurs « protégés » adopteront sur le point du cas Bachar El Assad.

Cette pierre d'achoppement suscite chez les puissances anti-régime syrien des prises de position qui se contredisent au gré de l'évaluation faussée qu'ils font des développements militaires sur le terrain. Tantôt elle leur fait déclarer qu'ils ne font plus un préalable scellé du départ du président syrien et que leur priorité est la guerre contre l'Etat islamique à laquelle son régime participe avec une indéniable efficacité. Tantôt ils se ravisent et déclarent qu'il ne peut y avoir la paix en Syrie et de fin à son conflit tant qu'El Assad sera aux commandes du pays.

Leur pas de clerc s'est vérifié à travers des dissonances auxquelles ont donné lieu les récentes déclarations sur le sujet du président français Emmanuel Macron et de Jean-Yves Le Drian, son ministre des Affaires étrangères. Autant le premier a affirmé clairement que son pays ne fait plus du départ de Bachar El Assad une condition scellée, autant le second l'a posée comme telle. Il est vrai qu'en Syrie à ces hauteurs de pouvoir en Occident, la tragédie syrienne n'est qu'une séquence froide dont l'énormité ne pèse pas lourd face à l'impératif de garder la Syrie et la région sous l'influence américano-européenne.