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Tebboune défié, humilié et désavoué

par Kharroubi Habib

Déjà sidérés et ulcérés par le mauvais spectacle donné par ceux qui les gouvernent ayant consisté en la nomination suivie de son limogeage express d'un ministre, les Algériens vont probablement voir se jouer un autre encore plus calamiteux dont le héros malheureux sera le Premier ministre lui-même qui est indubitablement poussé à la porte quelques semaines après avoir été désigné au poste. A moins d'être dénué de toute force de caractère et de dignité, Abdelmadjid Tebboune n'a en effet aucun autre choix que celui de remettre son tablier après l'avalanche d'avanies qui lui ont été infligées en réplique à son comportement à l'encontre de l'entrepreneur Ali Hadad également président du FCE, l'organisation patronale membre de la tripartite.

Dans son bras de fer avec ce dernier et les soutiens qui l'ont défendu, Tebboune a été esseulé par le silence du chef de l'Etat qui venait de le nommer et dont il a prétendu qu'il appliquait les orientations et les directives. Le plus humiliant pour lui est que Bouteflika n'a rompu son silence (ou on l'a fait en son nom) que pour lui adresser une volée «de bois vert» et le sommer de mettre fin à ses démêlés avec le monde des affaires. A cela s'ajoute qu'il a été la cible d'un brûlot dont il sait parfaitement que les inspirateurs appartiennent au cercle présidentiel, l'accusant crûment d'avoir trahi la confiance de Bouteflika qui l'a nommé et d'être allé en France quémander son soutien dans la guerre de succession qu'il aurait décidé d'ouvrir.

Se voyant en somme accusé d'appartenir au « Hizb França », ce qui en Algérie s'apparente au pire qu'un citoyen qui plus est haut responsable peut s'attirer comme qualificatif, Abdelmadjid Tebboune était en droit d'attendre que Bouteflika mette le holà à cette sorte de sales attaques contre lui, ne serait-ce qu'en signifiant à ceux qui s'en prennent de cette manière au Premier ministre qu'il ne partage pas leurs doutes sur son patriotisme. Même en cela Tebboune paraît avoir été lâché et jeté « aux chiens ». Que resterait-il de dignité à un Premier ministre qui continuerait à occuper son poste après cela et quel respect peut-il attendre des ministres et walis instruits à ne pas faire cas de ses instructions et des citoyens en sidération du traitement qui lui est infligé ?

L'on sait que les gens du sérail n'ont pas de colonne vertébrale et que la position rampante est ce qu'ils considèrent être leur arme de défense et de survie. A Tebboune de démontrer qu'il est fait d'une autre «pâte» comme il s'est évertué à en donner l'impression en ses premiers pas dans l'exercice de sa fonction. Le feuilleton Tebboune-Haddad et consorts est la confirmation que tout est pourri en République d'Algérie. Qu'il reste ou parte, Abdelmadjid Tebboune, cette image restera collée à l'Algérie tant que le système qui en est la cause perdurera.