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Conflit syrien: des succès militaires durs à digérer

par Kharroubi Habib

Soukhnah, ville syrienne stratégique située au nord-est de l'antique Palmyre et le long de l'autoroute principale menant à Deir Ezzor, et dernier bastion que Daech occupait dans la province de Homs, a été reprise samedi soir à cette organisation par l'Armée arabe syrienne. Son succès ouvre à cette dernière la route vers la province de Deir Ezzor et de sa capitale, la ville du même nom, qui sont l'ultime bastion en territoire syrien où s'accroche encore l'autoproclamé Etat islamique. Chassés de Soukhnah, les militants de l'organisation ont reflué vers leur dernier bastion, mais il n'y a pas à douter que l'armée syrienne parviendra à libérer Deir Ezzor et sa province et à mettre fin au siège que subissent depuis deux années les combattants fidèles au régime cernés dans un quartier de la ville.

L'ascendant militaire pris sur l'organisation terroriste par l'armée syrienne lui permet de reprendre peu à peu le contrôle des portions du territoire syrien conquis par elle qu'elle a intégré au pseudo-khalifa islamique pompeusement proclamé un certain jour à Mossoul par le sinistre chef de bande Aboubekr El Baghdadi. Mais au lieu que les succès de l'armée syrienne sur Daech provoquent des réactions de satisfaction unanime, il apparaît clairement que ce n'est pas le cas. Ce qui est démontré par le faible intérêt médiatique qu'ils suscitent contrastant avec celui que les médias tant occidentaux que régionaux accordent aux « prouesses » militaires accomplis face à la même organisation terroriste par les combattants kurdes syriens et appuyés par la coalition anti-Daech menée par les Etats-Unis.

En passant presque sous silence total la contribution victorieuse de l'armée syrienne à l'annihilation en cours de la présence en Syrie de l'organisation terroriste, la coalition en question et les médias qui soutiennent son point de vue sur le conflit dans ce pays tentent de maintenir l'opinion internationale ignorante que dans celui-ci le rapport de force a basculé en faveur du régime qui au lieu de s'effondrer comme ils l'ont voulu est en train de restaurer son autorité sur presque l'ensemble du territoire syrien.

Ce retour en force du régime de Damas sur l'échiquier militaire et subséquemment sur celui diplomatique, les puissances coalisées sous le houlette américaine vont essayer de le contrer en réactivant contre son armée des abcès de fixation visant à la contraindre à disperser son potentiel militaire et ainsi faire que perdure l'illusion qu'elle serait loin d'avoir pris un dessus décisif sur la « rébellion » armée à leur dévotion. Le sachant, il ne faut pas s'étonner qu'alors que l'armée syrienne concentre l'essentiel de sa puissance en vue des offensives qu'elle prépare pour reprendre à Daech Deir Ezzor mais aussi la ville de Raqqa, elle fasse la cible d'opérations de diversion ailleurs sur le territoire syrien de la part de la prétendue « rébellion modérée » mais probablement aussi de la part de l'armée de l'Etat sioniste pour qui la résurrection d'une Syrie unie sonnerait le glas du plan d'atomisation de ce pays que ses stratèges ont fait partager par ces puissances occidentales et qui paraissait en voie de se réaliser et auquel sont en train de mettre fin les succès militaires de l'Armée arabe syrienne.