Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les Yéménites, peuple en danger de génocide

par Kharroubi Habib

Menée par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, la guerre qui fait rage au Yémen est selon le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires Stephen O'Brien cause que ce pays fait face à la « pire crise humanitaire » que le monde a connu depuis 1945. 27 millions de Yéménites pâtissent en effet dramatiquement des conséquences de cette guerre en étant victimes des combats auxquels elle donne lieu, mais aussi du blocus que la coalition impose au pays avec pour corollaire la pénurie des denrées alimentaires et des bombardements qui ont rasé entre autres infrastructures dont il disposait celles sanitaires qui font désormais cruellement défaut pour enrayer l'épidémie de choléra qui s'est déclarée provoquant déjà selon l'OMS plus de 390.000 recensés en seulement trois mois et 1.800 décès.

Ce sont donc un pays et tout un peuple que l'Arabie saoudite et la coalition qu'elle a montée contre eux sont en train de raser pour l'un et d'infliger à l'autre d'effarantes souffrances. A la révolte que suscite le crime contre l'humanité qui est perpétré contre les Yéménites s'ajoutent le dégoût et l'indignation que provoque l'indifférence que manifestent pour leur tragédie les puissances « droit de l'hommiste » de même que les médias s'arguant de défendre cette valeur. Leur indifférence et le silence par lequel ils le manifestent sont d'autant plus écœurants qu'ils ont pour cause de ne pas mettre en accusation l'Etat qui inflige cette tragédie humaine au peuple yéménite même le sachant être le plus indéfendable qui soit aux normes des valeurs dont ils professent le respect.

C'est qu'en effet l'Arabie saoudite qui massacre et détruit au Yémen est pour ces puissances la « poule aux œufs d'or » à laquelle elles permettent tout tant qu'elle dispose des moyens d'endormir leur conscience. Ryadh et les Emirats arabes ne se sont pas fait faute d'user de ces moyens et les faramineux contrats d'achat et autres largesses financières dont ils les ont arrosées en sont l'indéniable preuve. L'argument sonnant et trébuchant a fait endosser aux puissances « droit de l'hommiste » le crime patent à peuple en danger qu'est celui du Yémen. Pire, ces Etats qui n'ignorent pas de quelle façon la coalition militaire menée par Ryadh fait la guerre au Yémen, c'est-à-dire en violation de toutes les conventions internationales régissant les conflits, lui prodiguent contre financement l'armement dont elle a besoin.

Ces mêmes puissances qui se taisent sur les horreurs et crimes contre l'humanité que cette coalition commet au Yémen dans le huis clos médiatique et diplomatique que lui procurent leur attitude et celle des médias sur lesquels elles ont barre, se démènent même au risque d'entraîner le monde vers l'apocalypse pour tenter de contraindre la Russie à mettre fin à son intervention militaire en Syrie en l'accusant de perpétrer dans ce pays les mêmes crimes et horreurs dont le Yémen est le théâtre mais qu'elles ne veulent pas voir car les Etats qui les commettent en ce pays ont su acheter leur « morale ». Autant elles font feu de tout bois dans le premier cas en agitant le devoir de « protection » qu'elles avaient à l'endroit du peuple syrien, autant elles ont voué une conjuration pour empêcher que se développe une indignation mondiale qui mettrait en péril la survie des pétromonarchies auxquelles elles soutirent de quoi maintenir leurs économies à flot et même plus. Face à ces monstres froids et sans morale que pèsent le Yémen et son peuple ? A l'opinion mondiale de leur faire comprendre qu'ils pèsent humainement, civilisationnellement et moralement autant sinon plus que ces pétromonarchies réduites à n'être que des puits de pétrole.