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Palestine : revoilà Mohamed Dahlane

par Kharroubi Habib

Un possible retrait de la scène politique du vieux président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas, victime récemment d'un «malaise» à la suite duquel il a été brièvement hospitalisé, est désormais entrevu comme pouvant intervenir plus tôt que prévu. Ce qui fait déjà se positionner sur la question de sa succession aussi bien les prétendants dans les rangs du Fatah que de l'OLP dont Mahmoud Abbas est le chef nominal, que les acteurs externes régionaux, voulant qu'elle soit réglée à leur convenance.

Pour l'éventualité, il semble apparaître qu'un consensus sur une candidature s'est tacitement établi entre Israël, l'Egypte et les petro-monarchies arabes. Celui que ces puissances voudraient voir prendre la relève de Abbas n'est autre que Mohamed Dahlane, l'ex homme fort du Fatah dans la base de Gaza qui a été le grand rival de Mahmoud Abbas avant de tomber en disgrâce après la déroute en 2007 de ses forces face aux combattants du Hamas.

Il est de notoriété publique que Mohamed Dahlane a tissé d'inavouables liens avec l'Etat occupant qui lui ont conféré le statut d'interlocuteur palestinien préféré et que son irréductible hostilité au Hamas lui vaut protection et soutien de l'Egypte d'El Sissi et des petro-monarchies arabes.

Cela n'a pas été pour étonner. Dès qu'il a été annoncé que le président palestinien a été victime d'un ennui de santé, Mohamed Dahlane est soudainement devenu vibrionnant et s'agite à partir des Emirats où il est en exil doré depuis son expulsion du Fatah et sa condamnation pour fait de corruption et de malversation pour tenter de se poser en prétendant légitime du vieux leader.

Mais si le sulfureux Mohamed Dahlane agrée en tant que postulant aux trois parties régionales citées, il a été et reste «persona non grata» au sein du Fatah et des autres factions palestiniennes alliées à ce dernier dans l'OLP et encore plus auprès de la population palestinienne tant à Gaza qu'en Cisjordanie.

L'homme n'inspire en effet que mépris et rejet de la part d'une majorité de ses compatriotes pour l'affairisme dont il a fait montre au temps de sa puissance et l'arbitraire qu'il a pratiqué dans l'exercice de ses fonctions. Ce à quoi il a ajouté le pire en se faisant le supplétif de l'Etat sioniste dans ses menées pour diviser les factions palestiniennes.

Les Palestiniens n'oublient pas en effet qu'il a été l'instigateur missionné de la transformation du différend politique entre le Fatah et Hamas en conflit armé qui a consommé l'unité palestinienne face à l'occupant sioniste. Les sponsors étrangers de Dahlane essaient de «valoriser» son éventuelle candidature à la succession de Mahmoud Abbas en ébruitant l'information que le Hamas, en quête de briser l'isolement dans lequel il est régionalement et internationalement, l'aurait approché pour lui faire savoir qu'il n'est pas contre sa candidature et que lui a assuré à ce parti qu'il veut parvenir à des accords «susceptibles de redonner l'espoir au peuple de Gaza et soulager sa souffrance». L'Etat palestinien dont Mahmoud Dahlane, le harki au service de l'Etat sioniste et des alliés régionaux de circonstance, ne sera rien d'autre qu'un «Bantoustan» dans lequel sera parqué le peuple palestinien dont la survie sera régulée selon ce que décideront pour lui les Sionistes.