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Consultations pour le nouveau gouvernement : vers une mystification de plus

par Kharroubi Habib

En chargeant Abdelmalek Sellal de consulter en son nom les partis politiques représentés à l'Assemblée populaire nationale et susceptibles d'accepter l'idée de la formation d'un gouvernement à la composante transpartisane plus multicolore qu'elle ne l'est dans celui qui est encore en exercice, le président Bouteflika a, nous semble-t-il, émis un message à double sens.

Le premier serait que sont fausses les spéculations lui ayant prêté l'intention de « remercier » son Premier ministre. Ce qu'il a signifié en lui confiant le soin de consulter sur la nomination du nouveau gouvernement, tâche selon les dispositions constitutionnelles relevant des pouvoirs présidentiels et à laquelle est associé celui appelé à en assumer la primature. Le second étant que Bouteflika serait en disposition de doter le pays d'un exécutif gouvernemental du type « d'union nationale » ouvert aux acteurs politiques de l'opposition ayant plaidé pour sa constitution en mettant en avant que c'est la seule démarche qui vaille pour l'Algérie confrontée aux périls que sont sa fragilisation sous l'effet de la crise politico-économique qu'elle traverse et les menaces de déstabilisation dont elle est la cible émanant de milieux en interne qu'étrangers.

Si le signal concernant la probable reconduction de Sellal a été effectivement décrypté comme tel, celui tendant à créditer que Bouteflika est mû par la volonté politique de former un exécutif ayant pour socle une alliance partisane suffisamment large pour donner l'impression qu'il bénéficie d'un consensus populaire suscite quant à lui des lectures où la suspicion prédomine en majorité sur la volonté d'ouverture que chercheraient à accréditer les consultations menées par Abdelmalek Sellal. Il y a pour ceux qui s'en tiennent que les contours que Bouteflika serait disposé à donner au nouveau gouvernement n'en feront nullement un exécutif d'union nationale adossé sur un large consensus même si tous les partis approchés par le Premier ministre acceptent d'en faire partie.

Les résultats des dernières élections ont lourdement confirmé que ces partis ne sont en fait représentatifs que d'une infime minorité d'Algériens et par conséquent nullement en capacité d'être les architectes d'un consensus national. L'amalgame de leurs sigles dans une alliance de gouvernement ne comblera nullement le fossé qui en Algérie sépare ses gouvernants des gouvernés. Plus que jamais, la nécessité de rebâtir un consensus national s'impose à l'Algérie. Mais pour en réaliser un qui en soit véritable, ce n'est pas en s'adonnant à des arrangements entre pouvoir et appareils politiques que l'on y parviendra, à moins de considérer qu'il ne concerne pas l'écrasante majorité de citoyens électeurs qui par leur abstention ou vote nul ont signifié leur défiance des deux parties. Prétendre y parvenir de la sorte revient à faire dans la mystification qui volera en éclats à la moindre secousse qui se produirait dans le pays.