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Une opposition en plein désarroi

par Kharroubi Habib

Les résultats qu'ils ont enregistrés dans le scrutin des législatives n'ayant pas été à la hauteur de leurs attentes, les partis d'opposition ont aussitôt ceux-ci rendus publics mis leurs déconvenues électorales sur le compte d'une fraude généralisée en faveur des formations roulant pour le pouvoir. D'aucuns d'entre eux soutiennent même que la fraude électorale qui a été à l'œuvre dans le scrutin du 04 mai aurait été encore plus massive et qui plus est moins masquée que celle qu'ont connue les élections législatives de 1997.

A les en croire, ils ont réuni les preuves accablantes qui confirment leurs accusations et sur les bases desquelles ils ont établi les recours qu'ils comptent introduire auprès du Conseil constitutionnel. Mais au-delà des dénonciations de fraude qui ont fusé de ces partis, il transparaît qu'ils sont désorientés par leur échec électoral dont ils réalisent parfaitement que cette fraude n'en est pas la cause première. L'abstention record qui a caractérisé le scrutin en est une qui a été beaucoup plus déterminante et leur a fait cruellement constater que ses effets ont été plus ravageurs électoralement pour eux que pour les partis du pouvoir.

L'amertume que provoque chez ces partis la faiblesse de leurs scores électoraux se double de celle d'avoir échoué à convaincre les citoyens que leur participation à la compétition électorale leur offrait l'opportunité de voter pour une alternative politique susceptible de mettre fin au statu quo mortifère dont le pouvoir a intérêt au maintien. Ils sont d'autant plus ulcérés parce qu'ils se rendent compte que la défiance qui a motivé l'abstention des électeurs n'a pas eu pour cause unique la conviction bien ancrée chez ces derniers que le système et le pouvoir en place sont dans l'incapacité qui leur est consubstantielle d'organiser des scrutins électoraux sans triche et manipulation de suffrages, mais aussi leur certitude que les acteurs politiques qui acceptent dans ces conditions d'y prendre part participent consciemment ou inconsciemment à la mascarade électorale qui perpétue l'impasse politique dans laquelle l'Algérie est maintenue. Pour l'opposition partisane qui a semblé un moment avoir pris conscience que pour gagner en crédibilité il lui fallait rompre avec son altitude ayant consisté à accepter contre d'hypothétiques arrangements avec le pouvoir à lui servir de faire-valoir et d'alibi démocratique pour ses opérations de ravalement de sa façade, les résultats de ce premier scrutin post-prétendues réformes démocratiques opérées par lui l'obligent à faire le constat qu'étant retombée dans ce travers elle a non seulement déçu mais qu'elle a aussi détourné d'elle les citoyens qui avaient commencé à croire en elle. Il va lui être autrement plus compliqué de se faire désormais entendre par eux même si elle opte pour ne pas accepter les résultats du scrutin. Son affaissement est tout bénéfice pour le pouvoir.