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Une recomposition politique en trompe-l'œil

par Kharroubi Habib

La seule différence entre la nouvelle Assemblée populaire nationale issue du scrutin du 04 mai et la sortante est qu'elle est dans sa composante plus mosaïque qu'elle puisque y siègeront en son sein une nuée d'élus de petits partis ayant contre toute attente obtenu le sésame électoral. Mais cette apparente pluralité qui caractérise la nouvelle représentation parlementaire ne signifie pas que l'APN cessera d'être une simple chambre d'enregistrement totalement inféodée à l'exécutif.

Les résultats du scrutin ont en effet donné au pouvoir une majorité parlementaire qui lui permet de s'accommoder de ce que pourront entretenir comme opposition et agitation au sein de l'hémicycle les députés n'en faisant pas partie. La nouvelle chambre basse n'est mosaïque qu'en trompe-l'œil car en fait la majorité dont le pouvoir disposait dans la précédente a été amplifiée par les scores électoraux obtenus par les deux formations qui en sont les piliers et celles ayant mené campagne en se revendiquant y appartenir.

Certes, le FLN qui est la locomotive de cette majorité au service du pouvoir n'aura plus en son sein l'écrasante hégémonie qui le faisait apparaître comme son chef d'orchestre seul à l'initiative des partitions qu'elle devait exécuter dans l'enceinte parlementaire. Son recul ne doit pas emmener à croire que cette majorité dont il reste néanmoins l'axe prépondérant va par souci de crédibilité s'aviser de se montrer frondeuse si nécessaire. Ce n'est pas la culture politique des acteurs qui en sont partie prenante.

Le pouvoir n'est pas totalement déçu du fait que le FLN ait subi une régression électorale compensée par la remontée effectuée par l'autre pilier de sa majorité et les percées des autres formations qui y sont agrégées. Elle l'arrange sans aucun doute. Elle lui offre en effet de pouvoir entretenir l'illusion que le FLN n'a pas été sanctionné dans les urnes en tant que pôle de sa majorité parlementaire mais pour le lamentable spectacle qu'il étale en interne. A ce pouvoir il fallait une diversion au désaveu électoral qu'il savait allant inéluctablement s'exprimer sous la forme d'une abstention massive lors du scrutin de jeudi et le visant lui. Ajoutons aussi que la «défaite» enregistrée par l'ex-parti unique permet à ce même pouvoir de la présenter comme preuve «tangible» que le scrutin aura été honnête, régulier et respectueux des chois exprimés par les électeurs.

Fondamentalement il reste que la recomposition politique opérée par les résultats des élections législatives pérennise le statu quo politique dont le pouvoir ne veut nullement la remise en cause. Plus que jamais l'opposition qui va siéger dans la nouvelle assemblée se verra confinée au rôle de faire-valoir et d'alibi à une démocratie de façade. Des élections législatives qui viennent de se dérouler, il n'y a rien à attendre qui soit annonciateur qu'à travers elles l'Algérie a amorcé sa sortie de la crise politique dont l'effet sclérosant l'empêche de faire face aux autres défis auxquels elle est confrontée.