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Que feront les électeurs algériens ?

par Kharroubi Habib

Aujourd'hui a lieu le scrutin pour le renouvellement de l'Assemblée populaire nationale (APN). Ce rendez-vous électoral est le premier à survenir dans le pays après la révision constitutionnelle opérée par le président de la République et la promulgation de nouvelles lois encadrant l'exercice électoral.

Paradoxalement l'opposition qui a décrié la révision constitutionnelle intervenue et dénoncé les nouvelles lois électorales comme n'offrant pas les garanties assurant aux scrutins la transparence et la régularité de règle pour les consultations démocratiques a opté en majorité pour la participation à la compétition électorale. Décision qui a été un soulagement pour le pouvoir ayant à un moment craint son boycott qui aurait indubitablement jeté le discrédit sur la démarche qu'il a empruntée pour procéder aux réformes politiques. Pour autant la participation massive de cette opposition à la compétition électorale ne signifie pas qu'elle a éloigné l'autre inquiétude qui taraude le pouvoir et concerne l'attitude pour laquelle l'électorat va décider d'opter.

Les opposants qui ont pris le parti de participer à la joute électorale n'ont eu d'autres choix que celui de faire chorus avec le pouvoir dans sa campagne en faveur d'une participation populaire massive au scrutin. Leur empressement à se lancer dans la compétition électorale après avoir agoni les initiatives «réformistes» du pouvoir n'a pas contribué à créditer au sein de l'électorat les arguments qu'ils ont développés en justification de leur participation et pour l'inciter à prendre part massivement au scrutin. L'on sait le pouvoir intéressé au plus haut point à ce que le taux de participation au scrutin soit le plus élevé possible pour qu'il apporte confirmation que les Algériens ont foi dans les changements politiques qu'il a opérés. L'opposition participationniste ne l'est pas moins, car elle a conscience qu'une désertion massive de l'électorat en l'occurrence traduirait un désaveu populaire l'englobant.

Quant à savoir si avec ce scrutin d'aujourd'hui l'Algérie entre dans une ère où pour les électeurs aller voter aura désormais du sens, la méfiance est de mise. Elle s'impose d'autant à l'esprit d'un grand nombre de citoyens qu'ils ont eu à entendre du chef du principal parti du camp officiel que ce scrutin verra la victoire électorale écrasante de sa formation. Vantardise ou certitude promise, le pronostic ressassé par Djamel Ould Abbès a dû décourager plus d'un électeur qui a pu être tenté par les arguments avancés en faveur de la participation électorale. Il n'est pas certain que les assurances prodiguées par le chef de l'Etat lui-même quant à la tenue de ce scrutin dans la transparence et le respect des choix qui s'y exprimeront sont parvenues à dissiper le trouble jeté dans leur esprit par les propos prédicateurs de Djamel Ould Abbès. Le penchant des citoyens pour l'abstention était déjà une réalité démontrée. La fanfaronnade du patron du FLN risque d'en faire la caractéristique irrécusable du scrutin d'aujourd'hui.