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Conflit du Sahara occidental: sous l'apparente satisfaction, la volonté d'imposer le fait accompli

par Kharroubi Habib

Si l'on se fie à ce que rabâche la propagande du Makhzen, la résolution sur le conflit du Sahara occidental adoptée vendredi dernier par le Conseil de sécurité consacrerait le bien-fondé des prétentions marocaines sur ce territoire. Mais si l'on prend la peine de prendre connaissance de son contenu en ne tenant pas compte de ce que la propagande du royaume déblatère à son sujet, l'on se rend compte qu'il n'en est rien du tout et que le Conseil de sécurité de l'ONU s'est contenté de réitérer la position onusienne qui est que le Maroc et le Front Polisario doivent reprendre le processus de négociations initié en 2007 par les Nations unies et interrompu en 2012.

Que le Conseil de sécurité ait déclaré espérer que la reprise du processus aboutisse à une solution politique mutuellement acceptable, ne signifie pas comme le claironnent les porte-voix du Makhzen que celle de « l'autonomie » prônée par le monarque et ses diplomates serait la seule envisageable et discutable en cas de reprise des négociations. Tout en invitant les parties prenantes à revenir à la table des négociations, le Conseil de sécurité n'a aucunement marqué de préférence pour ce sur quoi elles conviendront de négocier mais a clairement réaffirmé que ce qui s'en dégagera devra être sanctionné par un référendum en vertu du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.

Les autorités marocaines ont beau afficher leur « satisfaction » sur la résolution du Conseil de sécurité, il n'en reste pas moins vrai que le rappel de ce droit reconnu aux Sahraouis par les Nations unies est une pilule amère à digérer par elles. Et pour cause, ce rappel est la preuve que toutes les manigances que leur diplomatie a tramées avec le soutien des alliés internationaux du royaume pour entraîner la communauté internationale à admettre que l'occupation du Sahara occidental par le Maroc serait en fait un retour de ce territoire à la « mère » patrie voulu par ses populations, et se passant par conséquent de l'organisation d'un référendum d'autodétermination, ont lamentablement échoué.

Mohamed VI et le Makhzen font mine de se satisfaire de la déclaration du Conseil de sécurité et d'afficher leur intention de s'y conformer mais ont probablement en tête d'opérer des diversions qui créeront une situation qui fera obstacle à la reprise des négociations demandée par lui. C'est en appliquant la stratégie de la tension à l'égard du Front Polisario et par voie de conséquence dans leur rapport avec les Etats soutenant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination qu'ils sont parvenus à mettre dans l'impasse le processus de négociations initié par l'ONU. L'ONU elle-même a eu à se confronter avec cette stratégie marocaine de la tension quand elle a eu pour cible Ban Ki-moon son propre ex-secrétaire général qui a eu « l'outrecuidance » de traiter de fait colonial l'occupation du Sahara occidental par le Maroc.

D'où il est désormais impératif pour l'organisation onusienne de ne plus seulement prêcher la reprise du processus des négociations. Celui-ci ne reprendra certainement que si elle se montre ferme à ne plus tolérer les diversions et les manœuvres dilatoires marocaines qui outre de faire obstacle à ce processus engendrent des situations pouvant déboucher pour le pire dans la région. L'exemple de l'incident dont la zone tampon de Guergarat a été le théâtre est significatif de ce que le Makhzen est capable de préméditer qui peut provoquer l'étincelle entraînant l'embrasement régional.