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Pourquoi attendre le mois de Ramadhan?

par Kharroubi Habib

Pour Abdelmadjid Tebboune le ministre par intérim du Commerce, la flambée des prix sur les marchés a pour cause la spéculation et le monopole. Aux citoyens que désespère cette envolée des prix, il a promis que l'Etat va déclarer la guerre aux responsables de cette situation en prenant à leur encontre des mesures repressives rigoureuses. Cette promesse, tous ses prédécesseurs à la tête du département du Commerce l'ont faite à chaque fois que la mercuriale s'est emballée sans justification, découlant des logiques de la loi de l'offre et de la demande. Aucun ne l'a tenue et en guise de guerre contre les spéculateurs ils ont initié des opérations de contrôle et de répression qui n'ont affecté que les « lampistes » et laissé intact les réseaux spécialisés dans la spéculation. Sa guerre contre la spéculation, Abdelmadjid Tebboune a décidé de l'entreprendre durant le mois de Ramadhan.

Comprendra qui pourra pourquoi l'Etat attendra jusqu'à cette période pour s'en prendre aux spéculateurs et aux commerçants en infraction, alors que du fait de leurs pratiques dolosives et véreuse, l'inflation a déjà atteint un niveau explosif car insupportable pour la majorité des citoyens. Si comme le sous-entend le ministre par intérim du commerce (qui n'est d'ailleurs pas le seul responsable étatique à donner à le penser), l'Etat sait qui sont les spéculateurs ou du moins les gros bonnets qui en alimentent et contrôlent les réseaux, pourquoi ne sévit-il pas sans attendre à leur encontre ? L'attitude des autorités donne à croire qu'elles ne mesurent nullement l'ampleur du mécontentement et de la colère citoyenne que suscite le gignotage chaque jour plus réducteur du pouvoir d'achat que provoque la spirale inflationniste. Pour la majorité des familles algériennes, le seuil du supportable dans leurs conditions de vie est déjà dépassé. Il en résulte un sentiment de révolte propice à toutes les manipulations d'autant que ceux qui le partagent en sont à s'être fait à la conviction que l'Etat les abandonne aux mains de la faune de prédateurs qui ont mis en coupe réglée les circuits commerciaux du pays. Tebboune a beau tonner contre les spéculateurs et les monopoles dont ils sont détenteurs, le citoyen a fini par ne plus croire qu'il existe une volonté politique de leur faire une guerre dont il en résulterait l'assainissement des circuits commerciaux et de la pratique commerciale. Ce qu'il constate c'est la réalité de l'impitoyable exercice de la politique du « tag ala men tag » dont les bénéficiaires sont les vampires à qui il est concédé de faire la pluie et le beau temps sur les marchés et sont intouchables car disposant de puissantes et inamovibles protections à l'intérieur même de cet Etat qui fait mine de temps à autre de vouloir sévir contre eux.

Aussi, à supposer même que, contrairement à ses prédécesseurs, Abdelmadjid Tebboune a vraiment décidé de déclarer la guerre aux suceurs de sang durant le mois de Ramadhan, les citoyens dont la colère gronde n'attendront peut-être pas jusqu'à cette échéance pour l'exprimer aux autorités et à l'Etat défaillant qu'elles gèrent.