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Trump à la manœuvre au Proche-Orient

par Kharroubi Habib

En recevant à la Maison Blanche en février dernier le Premier ministre israélien, Donald Trump, président fraîchement élu, a sonné l'Autorité palestinienne et la communauté internationale en déclarant que lui et les Etats-Unis ne «s'accrochent plus à la solution à deux Etats» pourtant universellement préconisée pour la résolution du conflit israélo-palestinien. Ce qui était clairement affiché la rupture avec un principe directeur de la diplomatie américaine officiellement adopté par les présidents depuis au moins 2001.

Sa prise de distance à l'égard de cette solution a fait évidemment jubiler le cabinet israélien et la coalition facho-religieuse sur laquelle il s'appuie pour gouverner car elle les encourage à amplifier les initiatives visant à l'enterrer. De fait, depuis que Donald Trump est à la Maison Blanche le Premier ministre d'Israël, ses ministres et les députés de sa majorité déclarent désormais on ne peut plus franchement et ouvertement que l'objectif de l'Etat sioniste est l'annexion pure et simple des territoires palestiniens occupés et y travaillent en favorisant l'extension des colonies juives qui y sont déjà implantées et la création à grande échelle de nouvelles. Jusqu'à preuve du contraire, Donald Trump et son administration cautionnent leur politique négatrice de la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël et démontrent ainsi le peu de cas qu'ils font des résolutions onusiennes condamnant cette politique. Il n'y a par conséquent pas lieu de voir dans l'invitation faite par Trump à Mahmoud Abbas de se rendre à Washington pour avoir un entretien la possible prémice d'une rectification de tir du président américain dans sa vision et ses positions sur le conflit israélo-palestinien. L'on fera remarquer que le président américain n'a pris contact avec le chef de l'Autorité palestinienne qu'après avoir reçu d'abord le Premier ministre israélien et s'être ensuite entretenu avec les chefs d'Etat des pays arabes prétendument «modérés» dont l'attitude commune est qu'ils ne soutiennent plus que du bout des lèvres la solution à deux Etats et sont prêts à faire pression sur les autorités palestiniennes pour accepter le plan de paix autre que cette solution que le président américain soumettra probablement à Mahmoud Abbas lors de leur rencontre. Ce qui apparaît certain en Israël est que l'Amérique de Donald Trump est déterminée à enterrer la solution à deux Etats. Une certitude sur laquelle ne plane que l'inconnue du sort des Palestiniens suite à l'annexion de leurs territoires désormais actée dans les prévisions politiques de Washington. Les «moins» extrémistes d'entre les dirigeants de l'Etat sioniste envisagent d'octroyer «généreusement» à ces Palestiniens les mêmes droits y compris politiques dont bénéficient les citoyens juifs. Les purs et durs partisans de l'Etat juif ne veulent pas quant à eux entendre parler «d'assimilation» des Palestiniens et prônent leur «ghettoïsation» et leur exclusion de l'accès à la citoyenneté israélienne. Ce débat en Israël, Donald Trump en a parfaitement conscience mais ce qui le nourrit l'indiffère absolument.

Ce qu'il dira à Abbas c'est de contribuer à ce que ses compatriotes se soumettent au sens de la marche de l'histoire au Proche-Orient telle qu'ont convenu de la faire la plus grande puissance du monde, l'Etat sioniste et les pays arabes «modérés» de la région. Ni Abbas ni aucun autre dirigeant palestinien ne sont en capacité de faire accepter à leur peuple l'asservissement auquel il sera soumis par le plan de paix à la sauce trumpiste.