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Le bon signe est qu'ils n'ont pas claqué la porte

par Kharroubi Habib

Le quatrième round des pourparlers sur la Syrie s'est achevé vendredi à Genève après neuf jours de discussions sans qu'il ait été enregistré une franche avancée permettant d'envisager la possibilité à terme d'un accord politique entre les parties syriennes qui mettrait fin à leur conflit. Néanmoins, il ne faut pas comme pour les trois précédents conclure à son échec du moment qu'aucune des délégations participantes n'a ainsi que cela s'est produit antécédemment claqué la porte des négociations et ont convenu toutes d'être présentes pour la reprise de celles-ci dans quelques semaines. Ce simple fait est révélateur qu'aucune d'entre elles ne veut rompre le dialogue même s'il est apparu qu'elles campent encore sur des positions difficilement réconciliables.

Sans s'avancer à parler de progrès dans les discussions indirectes qu'ont eues par son intermédiaire les représentants du régime syrien et ceux de l'opposition, l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a estimé qu'il y a été enregistré que les camps en présence ont exprimé sur les points ayant fait capoter les précédents rounds des positions plus nuancées qui augurent une possible avancée lors de la prochaine reprise des négociations.

La petite note d'optimisme à laquelle donne lieu le fait que le quatrième round ne s'est pas clôturé par le claquement de porte on la doit assurément aux nouvelles donnes s'étant imposées sur le terrain en Syrie qui ont donné à comprendre aux opposants du régime que le temps est révolu pour eux de négocier sur la base de la disqualification de celui-ci et de l'obligation pour lui de leur céder le pouvoir.

Sur le terrain militaire où l'opposition a escompté prendre le dessus et ainsi rendre l'exigence du démantèlement du régime de Bachar El Assad le seul point négociable à Genève, il s'est produit en effet que c'est elle qui a perdu la partie et se retrouve dans la situation qu'elle ne peut plus prétendre imposer l'ordre du jour des négociations. Le climat qui a prévalu au cours des négociations du quatrième round a fait apparaître que cette opposition a pris acte qu'elle n'est plus en disposition de s'en tenir aux préalables qui ont été les siens à l'égard du président syrien et de son régime.

Il faut néanmoins s'attendre de sa part qu'elle tende encore à s'y accrocher car soumise à pression par ses composantes extrémistes rêvant encore d'une solution militaire au conflit et par certains de ses sponsors étrangers qui s'en tiennent au même rêve.

Ces mêmes sponsors étrangers ont d'ailleurs manœuvré en coulisse à Genève pour que les voix prédominantes dans la délégation de l'opposition soient celles du camp de ses extrémistes et cela en émettant leur veto à la participation aux négociations de représentants des forces opposées au régime mais ouvertes à un dialogue inclusif et pour une solution politique négociée acceptable pour tous. La réalité du terrain et le contexte international font que les pressions de ces sponsors pourront certes reculer l'échéance d'un accord politique sur le conflit syrien et évidemment prolonger la tragédie du peuple de Syrie. Mais qu'au bout du compte elles ne parviendront pas à renverser la nature du rapport de force qui s'est instauré en Syrie entre les belligérants et qu'ils savent être irrémédiablement en défaveur de leurs protégés et des plus extrémistes d'entre eux.