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L'urgence humanitaire face au chaos du monde !

par Kamal Guerroua

Il y a quelques années, le penseur suisse Jean Ziegler aurait sévèrement critiqué dans un ouvrage au titre très évocateur: «Destruction massive, géopolitique de la faim», les tensions régionales, les guerres, les génocides et d'autres crimes contre les minorités, le réchauffement climatique, etc. provoqués, d'après lui, par une gestion désastreuse du monde de la part des grandes puissances. Fléaux qui menacent d'accoucher dans un proche avenir de catastrophes humanitaires à large échelle (famine, déplacements forcés de populations, migrations, etc.), concourant, conclut-il, à tirer encore l'humanité vers le bas, à lui enlever sa sensibilité, voire à la «déshumaniser» !

A elle seule, l'Afrique compte, de nos jours, près de 20 millions de personnes menacées par les effets d'une sécheresse endémique. Ce qui est susceptible d'entraîner l'apparition de tas de maladies, faute d'eau potable.

«Nous sommes face à une tragédie, nous devons éviter qu'elle ne devienne une catastrophe», aurait déploré récemment, alarmiste, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies. Pour cause, à peine l'année 2017 commencée que les pénuries alimentaires se sont aggravées de façon inquiétante dans différentes régions du continent africain et surtout au Moyen-Orient. Au point que des populations entières, touchées par l'insécurité, la précarité et la famine, sont contraintes à fuir vers d'autres territoires.

Chose qui ne s'était presque jamais produite avec une telle ampleur auparavant, au moins depuis 6 ans, date de la grande famine ayant fait environ 260.000 victimes en Somalie.

Plongée dans une grave crise alimentaire, la Corne d'Afrique est considérée avec ses 2.9 millions de Somaliens, soit un peu plus d'un quart de sa population globale, la plus exposée aux dérèglements climatiques. Sévissant durant ces derniers mois dans l'est du continent, la sécheresse aurait ravagé les cultures, décimé le bétail et privé de nourriture les habitants de plusieurs pays voisins tels que Djibouti, le Kenya ou le Soudan du Sud où deux comtés entiers sont déclarés en état de famine et environ 100.000 de leurs habitants en danger réel de mort. Sachons que la guerre civile du Darfour (2003-2005) avait déjà fait plus de 100.000 morts, la plupart en raison de la famine alors que, jusque-là, seule la guerre du Biafra (1968-1970), à l'est du Nigeria est restée un précédent en la matière.

Le cas du Yémen n'en diffère pas trop aussi. Plus de 7 millions de personnes vivent la faim, sans qu'ils n'aient aucun espoir d'avoir même pas un repas par jour vu que l'accès à l'aide des populations touchées par la guerre devient de plus en plus compliqué. Enfin, même si l'ONU aurait levé récemment plus de 270 millions de dollars afin de venir en aide à toute la région, on trouve que c'est le même scénario qui se produit également au lac Tchad où le groupe Boko Haram coupe les approvisionnements alimentaires à des centaines de milliers de civils. Au Nigeria, qui vit des affrontements violents entre cette secte-là et les forces gouvernementales, la situation humanitaire est des plus déplorables, hélas !