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Les pyromanes se désolant de l'incendie

par Kharroubi Habib

Dès le début du conflit syrien à l'origine duquel ils ne sont pas étrangers, le Royaume-Uni et la France se sont rangés dans le camp des anti-régime s'étant fixé pour but le renversement de celui-ci. Outre l'aide financière et militaire qu'elles accordent à la rébellion syrienne, Londres et Paris sont à la pointe d'une offensive diplomatique visant sous n'importe quel prétexte à obtenir la condamnation de Bachar El Assad et de son régime et par voie de conséquence leur disqualification en tant que partie prenante à la solution devant mettre fin au conflit.

Leur tactique consiste à mettre en accusation les autorités syriennes à chaque moment où une initiative internationale fait entrevoir la possibilité d'un règlement de la crise syrienne autrement que par l'option militaire dont ni le Royaume-Uni ni la France ne veulent en démordre. Tactique dont la poursuite se vérifie à travers la tentative opérée par ces deux pays sous la forme d'un projet de résolution qu'ils ont soumis au Conseil de sécurité imputant au régime d'avoir utilisé de l'armement chimique contre la population civile, crime ouvrant par conséquent la voie à des sanctions internationales à son encontre.

La démarche anglo-française a coïncidé, il faut le souligner, avec l'ouverture à Genève du quatrième round des négociations sur la Syrie sous l'égide de l'ONU et parrainées par la Russie, la Turquie et l'Iran, tous prônant et plaidant pour une solution politique au conflit à travers un dialogue syro-syrien inclusif de l'ensemble de ses protagonistes n'excluant que les groupes armés classés organisations terroristes par les Nations unies et la communauté internationale. L'objectif de la manœuvre diplomatique franco-britannique a été de faire prononcer la disqualification morale du régime syrien pour en saper ainsi la position de force dont il peut se prévaloir au cours des négociations à l'égard de ses opposants que ses forces armées ont défaits sur le terrain et sont ainsi contraints de rabaisser leurs prétentions dont celle sous forme de préalable non négociable par eux du départ de Bachar El Assad à laquelle Paris et Londres persistent à les encourager à s'en tenir.

Un autre objectif a été visé par les Franco-Britanniques : celui de faire apparaître la Russie sous le jour d'une puissance rangée aux côtés d'un régime commettant des « crimes » contre l'humanité. Ce dont ils pensent avoir convaincu l'opinion internationale en provoquant son veto contre leur projet de résolution. Le monde n'est toutefois plus dupe des tromperies des puissances occidentales. Plus personne n'ignore le rôle joué par elles en Syrie et ailleurs au Moyen-Orient dans les prétendues révoltes qui secouent ce pays et la région. Après avoir été les pyromanes cyniquement intéressées, elles se sont muées en charitables « humanitaristes » certifiant la main sur le cœur que la seule raison de leur démarche et implication est de vouloir mettre fin aux tragédies que vivent le peuple syrien et les autres de cette région.

Il y aurait bien entendu des comptes à demander au régime syrien, mais ces puissances soi- disant « morales » et pétries d'humanisme en ont encore plus à rendre pour avoir allumé l'incendie et l'avoir entretenu et sont de ce fait responsables au premier degré des crimes contre l'humanité et de guerre qui se commettent dans cette situation.