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Ils prêchent dans le désert

par Kharroubi Habib

Ayant mis en route le processus des préparatifs pour la tenue du scrutin des législatives, les autorités ont en parallèle initié une campagne de sensibilisation à destination des électeurs visant à les pousser à ne pas bouder le rendez-vous électoral. En cela, elles ont le renfort des partis toutes obédiences et sensibilités confondues qui ont opté pour la participation et pour lesquels l'éventualité d'une abstention massive de ces électeurs est tout autant redoutée.

Le matraquage auquel donne lieu leur campagne ne semble pas avoir éveillé l'intérêt de ceux qu'il cible. En la séquence présente du processus électoral, il n'apparaît pas en effet que les citoyens lambda prêtent de l'attention à l'agitation qui a cours dans le microcosme politico-partisan ayant pour moteur les ambitions électorales que ses composantes espèrent réaliser dans le scrutin. Le désintérêt populaire se constate au vu que malgré l'insistance des appels aux citoyens à aller dans les APC soit pour s'inscrire sur les listes électorales s'ils ne le sont pas encore, soit si besoin pour officialiser leur éventuelle nouvelle domiciliation électorale, il n'est pas enregistré une forte présence dans les enceintes administratives dédiées à la formalisation de ces opérations. Au vu de même que les partis et candidats à la candidature tenus de se conformer aux dispositions du chapitre 94 de la loi électorale peinent à convaincre ces citoyens à leur accorder les indispensables parrainages.

Le paradoxe est que si le citoyen algérien s'intéresse présentement à un débat électoral, ce n'est pas à celui qui est censé se dérouler dans son pays mais à celui qui a chaudement lieu outre-Méditerranée. Si l'on exprime de l'étonnement sur cette attitude populaire consistant à se détourner de la chose électorale qui concerne pourtant le pays et à suivre avec une passion certaine les péripéties de celle qui est une affaire franco-française, il est systématiquement répliqué qu'en Algérie l'affaire étant par avance pliée, à quoi bon s'intéresser au faux vrai duel électoral auquel donne lieu un scrutin aux résultats que tout un chacun sait avoir été déjà arrêtés. Ni la dramatisation des enjeux qui seraient ceux de la prochaine échéance électorale à laquelle s'adonnent les autorités, ni les raisons que les partis vont valoir en justification de leur participation ne semblent avoir ne serait-ce qu'amorcé le revirement d'attitude qu'ils ont espéré provoquer dans l'électorat.

Dans ces conditions, s'attendre à ce que l'abstention que connaîtra le prochain rendez-vous électoral serait moins ample que celle enregistrée pour les précédents reviendrait à faire un pari hasardeux reposant sur l'aléatoire confiance qu'accorderait une majorité d'électeurs aux « garanties » énoncées dans la loi électorale censées permettre la tenue d'élections dans le pays aux normes de la démocratie et du respect de la souveraineté populaire. Garanties dont même les partis participationnistes doutent qu'elles puissent empêcher que la fraude électorale ne soit à nouveau cette particularité qui a été celle des scrutins en Algérie ayant jalonné l'existence du système politique inamovible dont elle est dotée.