Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La voix qui dit non à la compromission

par Kharroubi Habib

La décision de boycotter les prochaines élections adoptée samedi par le comité central du parti Talai El Houriat n'a pas surpris, car attendue au décodage des déclarations et communiqués ayant émané de son président, Ali Benflis, ou de son bureau politique lesquels laissaient clairement entrevoir, au travers de formulations à la critique acerbe contre le pouvoir et ses intentions, que telle allait être l'option qui s'imposera au parti. Comme pour toutes les autres formations de l'opposition, la décision à prendre sur la question de la participation ou non aux prochaines élections législatives n'a pas été aisée à prendre au parti Talai El Houriat. Celle qu'a entérinée le comité central de ce parti n'est intervenue qu'après consultation et débat en interne dont il s'est dégagé l'avis majoritaire en faveur du boycott. En se décidant pour le boycott, le parti de Benflis se retrouve être seul dans cette situation. L'ensemble des autres formations locomotives comme lui de la scène partisane ayant opté pour la participation. Est-ce pour autant qu'il faut lui faire reproche d'avoir, ce faisant, commis une «erreur» politique en n'ayant pas suivi ces formations qui ont justifié leur participation par l'argument que la politique de la «chaise vide» est plus pénalisante qu'elle pour l'opposition. Pour sûr que l'argument a dû faire débat au sein de Talai El Houriat mais qu'il lui a été manifestement préféré celui qui soutient qu'un parti ayant opté pour une ligne politique basée sur la conviction que le pouvoir qui va organiser les élections à venir n'est ni légitime ni disposé à organiser celle-ci de façon démocratique et régulière, a encore plus à perdre en prenant part à ces échéances électorales. Nul ne peut contester à la décision de Talai El Houriat de sa cohérence avec le discours et les prises de position du parti depuis sa création. Cette cohérence, le parti de Benflis a choisi à l'évidence d'en faire sa marque distinctive qui renforcera et élargira la crédibilité qu'il s'est forgée en campant dans la posture d'opposant sans concession ou compromis. Elle lui vaudra à n'en point douter de subir quelques remous en interne qui prendront la forme de dissidences fomentées par ceux qui se sont encartés dans ses rangs avec le calcul de voir leurs ambitions électorales prises en compte mais déçus par l'option pour laquelle il a opté. Le nuage qui va planer sur la formation de Benflis sera en tout cas l'occasion de vérifier la solidité de l'ancrage populaire dont elle se prévaut.

Le boycott des élections par Talai El Houriat peut apparaître comme n'allant avoir aucun impact sur le déroulement du processus électoral balisé à son profit par le pouvoir du moment que pratiquement l'ensemble des formations de la scène politique y prendront part. Il en fera néanmoins un parti d'opposition à qui il sera reconnu de ne pas avoir succombé à l'appât du quota que le pouvoir octroie aux formations conciliantes. Même s'il s'est condamné de par sa position à voir sa visibilité momentanément amoindrie du fait de sa non-participation aux joutes électorales, le parti Talai El Houriat a de toute évidence fait le pari que les élections annoncées ne règleront en rien la crise politique que vit le pays. Son attitude en l'occurrence boostera inéluctablement son audience.