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Une opposition «modérée» prise au piège de ses sulfureuses alliances

par Kharroubi Habib

En Syrie, là où le Front El Nosra et les autres groupes armés terroristes faisant cause commune avec lui n'ont pas pris l'ascendant sur les composantes de la rébellion se donnant comme «modérée» le cessez-le-feu négocié sous l'égide de la Russie et de la Turquie est globalement respecté. Ce dont ne veulent pas convenir les médias occidentaux en prenant prétexte que les armes ne se sont pas totalement tues dans l'ensemble de la Syrie, mais sans rapporter que les affrontements qui se poursuivent opposent pour la plupart les forces progouvernementales aux combattants de groupes armés terroristes exclus de l'accord de trêve, bénéficiant parfois ici et là de l'appui de dissidents radicaux décomptés comme appartenant à la rébellion prétendument « modérée » mais en désaccord avec elle sur le fait d'avoir accepté le cessez-le-feu.

L'accord ayant établi le cessez-le-feu stipule clairement que celui-ci ne vaut pas pour les groupes classifiés terroristes. Il n'y a par conséquent pas de violation de la trêve instaurée par cet accord dans le fait que des combats se poursuivent se déroulant entre forces du régime et réfractaires au silence des armes. Certes, les représentants de l'opposition armée ayant pris part aux préliminaires des négociations politiques devant avoir lieu à Astana au Kazakhstan ont « gelé » leur participation mais sans remettre formellement en cause le cessez-le-feu en vigueur. Leur attitude est révélatrice des divergences entre composantes de l'opposition syrienne écartelée entre partisans du processus parrainé par Moscou et Ankara et ses opposants sous influence d'autres capitales étrangères dont Ryadh et Doha.

Pour pousser cette opposition à procéder à la décantation en son sein qui clarifierait les choses en ce conflit, Moscou et Ankara lui ont signifié que la table des négociations à Astana n'est ouverte qu'aux parties acceptant sans restriction l'option de la solution politique négociée pour le règlement du conflit. Pour gage de leur engagement à s'inscrire pleinement dans le processus de paix négocié par eux, Russes et Turcs poussent ces composantes de la rébellion se déclarant « modérée » à rompre toute coordination et alliance militaire avec les groupes armés terroristes. Ce qu'elles ne parviennent manifestement pas à faire accepter sur le terrain aux combattants en armes censés être sous leur autorité.

En s'étant portés garants du respect de l'accord de cessez-le-feu par les parties qu'ils soutiennent respectivement, Moscou et Ankara paraissent certains de parvenir à les en convaincre. L'avenir de cet accord dépend, pour le plus crucial, de l'attitude qu'adoptera Ankara à l'égard de ses protégés dont le moins que l'on puisse dire est que leur « modération » et leur acquiescement à l'option d'une solution négociée du conflit ne sont pour eux que ruse de guerre et qu'ils renieront si leurs véritables inspirateurs qui sont à Ryadh et Doha parviennent à continuer à leur dispenser les nerfs de la guerre que sont les finances et l'armement. De par sa situation géographique, la Turquie est en capacité de contrer les desseins de ceux qui s'opposent au processus dont elle assume le parrainage avec la Russie et en entente avec l'Iran.