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Optimisme mesuré sur la réunion de l'OPEP

par Mahdi Boukhalfa

Les diplomates algériens qui ont plaidé auprès des Iraniens et des Saoudiens le principe d'une réunion informelle à Alger en septembre des pays membres de l'OPEP en vue de débattre de ce qui peut être fait pour stopper la chute des prix du pétrole et contribuer à leur stabilisation à un niveau qui conviendrait tant aux pays producteurs que consommateurs, sont - ce qui n'était pas acquis par avance - parvenus à obtenir qu'ils y participent. Ce qui constitue un succès notable pour nos négociateurs en tenant compte du fait que Téhéran et Ryadh en guerre froide n'apparaissaient pas disposés à dialoguer.

L'Algérie n'ambitionne certainement pas de réconcilier l'Iran et l'Arabie saoudite dont la rivalité ne se limite pas à leur seule divergence sur le dossier du pétrole, mais de les convaincre de trouver sur celui-ci un accord qui préserve leur intérêt respectif qui est de s'assurer des revenus financiers dont ils ont les uns et les autres un besoin devenant de plus en plus crucial compte tenu des conséquences induites pour leurs pays par la persistance des bas prix du pétrole.

En acceptant de prendre part à la réunion, les Iraniens et les Saoudiens ont émis le signal qu'ils sont disposés à discuter d'une position commune que l'OPEP pourrait arrêter pour mettre fin au bouleversement préjudiciable que subit le marché pétrolier mondial. Il a suffi pour imprimer aux cours du baril une tendance haussière dont la poursuite ne se consolidera qu'en cas d'une entente dans ce sens entre les membres de l'OPEP.

De Téhéran et de Ryadh sont parvenus des échos qui autorisent à spéculer sur une issue positive de la réunion informelle d'Alger. Ils rapportent en effet que l'Iran qui a refusé jusque-là le gel de sa production au prétexte qu'il lui faut d'abord retrouver ses niveaux de production d'avant les sanctions et l'embargo qui lui ont été imposés, aurait renoncé à ce préalable exploité par l'Arabie saoudite pour refuser elle aussi la baisse de la sienne. Il semble que l'insistance du président vénézuélien à pousser les Iraniens vers ce compromis les auraient fait fléchir en raison de la dramatique situation dans laquelle son pays qui a été à leurs côtés dans les moments difficiles de la crise du nucléaire, est dangereusement englué.

L'Arabie saoudite ne s'opposerait plus quant à elle a un compromis qui «boosterait» les cours pétroliers. En partie parce que l'Iran est prêt à accepter le gel de sa production, mais aussi parce que la monarchie est confrontée à une crise budgétaire sans précédent causée par les dépenses nécessitées par sa politique interventionniste dans les conflits dont le Moyen-Orient et d'autres régions du monde musulman sont les théâtres. Un compromis auquel souscriraient l'Iran et l'Arabie saoudite, deux des plus grands pays producteurs dans le monde, ferait l'affaire de l'Algérie. Ne serait-ce que parce que une stabilisation des cours pétroliers à un niveau plus haut que celui qui est le leur présentement lui permettrait d'atténuer socialement l'impact des révisions auxquelles elle est condamnée de procéder pour se doter d'une économie diversifiée et échappant aux aléas des retournements du marché pétrolier.

Rien n'est pour autant acquis tant Téhéran et Ryadh sont dans une confrontation qui fait peu de place au pragmatisme, auquel ils devraient pourtant se résoudre en sachant qu'ils sont tous les deux perdants en persistant sur cette voie et dont il ne résultera que l'ingérence extrarégionale sous prétexte d'assurer la sécurité et la paix dans le monde arabo-musulman.