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Quand le pouvoir prend les devants

par Moncef Wafi

Quel sens donner aux dernières instructions adressées aux walis par le ministre de l'Intérieur et des Collectives locales ? Des directives de rappel jugées d'«importance assez considérable» par le gouvernement pour ne pas hypothéquer le prochain semestre. Période estivale et rentrée scolaire sont ainsi mises en avant et instruction est donnée aux responsables des exécutifs pour qu'elles ne soient pas compromises.

Si les instructions sont conjoncturelles, il n'en demeure pas moins que ces directives poussent à réflexion puisqu'il est du devoir premier d'un wali de veiller à une prise en charge appropriée de tous les aspects liés à la vie quotidienne du citoyen. Sinon comment les interpréter dans un contexte lourd avec cette crise qui commence à peser parce qu'on en parle ouvertement là-haut et surtout avec les événements sanglants de Ghardaïa. Cette tension rendue d'autant plus pressante avec la dernière sortie partisane de Ouyahia qui mettait en garde contre les discours rassurants de Sellal sur les conséquences d'une crise appelée à durer dans le temps.

Si l'impression première que donne ce gouvernement, après les épisodes malheureux de Bouchouareb, Benyounès et Benkhalfa, est de naviguer à vue, il semble que le tir a été rectifié ces derniers jours. Le discours du SG du RND n'est ni critique ni défavorable à la politique de Sellal. Il est en fait complémentaire. Une sorte de chaud et de froid que chacun des deux soufflent sur les Algériens. Sellal, en bon Premier ministre, rassure, réconforte et promet alors que Ouyahia, qui est dans son rôle favori, rappelle, prévient et menace. Deux faces d'une même pièce et chacun dans son rôle, le temps de passer ce cap. C'est dire que le système au pouvoir ne risque pas de changer incessamment puisque le script est écrit d'avance, que le casting est fini et que les rôles sont distribués, ne laissant que peu de place à l'improvisation.

Les instructions de Bedioui s'inscrivent dans cette logique de survie et les walis sont tenus de les respecter. Les Algériens veulent savoir si un responsable local a besoin des consignes d'Alger pour mener à bien sa mission. Qu'un ministre de l'Intérieur dise à un wali qu'il faut chauffer les classes d'école l'hiver ou de prévenir les maladies transmissibles et les risques sanitaires l'été. Non, et mille fois non et ce rappel sonne comme un désaveu du travail fait jusqu'ici par les walis. Par contre, Alger demande à ses représentants de faire de la publicité autour de ses actions, histoire de faire étalage public de l'intérêt accordé au plus simple des citoyens. Une mentalité qui trahit une appréhension d'un été difficile propice à toutes les explosions sociales.