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Nouveau crédo économique ou politique de «gribouille» ?

par Kharroubi Habib

Les signaux inquiétants s'accumulent sur le tableau de bord de l'économie algérienne du fait de la baisse des prix du pétrole. A un point tel et plus rapidement que ne l'ont envisagé les pouvoirs publics que même l'optimisme en «béton» que cultive le Premier ministre Abdelmalek Sellal depuis qu'il est aux commandes du char gouvernemental n'y résiste pas. Pour preuve, le même Abdelmalek Sellal qui n'a cessé de claironner que l'Algérie «va bien» et qu'il n'y a pas à s'inquiéter sur son avenir car toutes les précautions et dispositions ayant été prises pour la prémunir des impacts négatifs de la crise pétrolière, entonne à son tour l'air alarmiste qu'il dénonçait dans les analyses et mises en garde qui venant d'horizons divers soutenaient qu'avec la chute des prix du baril l'Algérie est enterrée dans une zone de turbulence à haut risque pour elle tant son économie n'est pas prête à y faire face.

Cette impréparation, Sellal en a fait l'aveu devant les cadres du secteur de l'énergie en reconnaissant que les mesures ayant été prises pour tenter d'y remédier n'ont pas l'effet escompté. Pour que l'impénitent optimiste qu'est Abdelmalek Sellal en arrive «à broyer du noir», il faut croire qu'un vent de panique souffle sur la sphère dirigeante du pays au constat que la situation économique et financière du pays se détériore au-delà des prévisions officielles. Vent de panique qui est cause du coup d'accélérateur donné par les pouvoirs publics à la mise en œuvre des changements et réformes censés à leurs yeux permettre à l'économie nationale de faire face au plus vite aux conséquences de la crise pétrolière et aux défis qui se profilent pour le pays avec l'avènement d'un après-pétrole dont la survenance est à brève échéance.

Sauf que la nouvelle politique dont ces changements et réformes se veulent la traduction est loin de faire l'unanimité dans le monde des experts des sphères économiques. Il en est dans ce monde pour qui ce qui est édicté par les autorités sous la contrainte des pressions qu'exercent sur elles les impacts négatifs qu'a la crise pétrolière sur la situation économique et financière du pays n'est pas à hauteur de la gravité de celle-ci et en mesure d'éviter sa détérioration. Sans en remettre en cause carrément le bien-fondé, ils estiment que cela ne sera pas suffisant pour insuffler à l'économie nationale une dynamique qui en ferait à brève échéance la garante pour l'Algérie d'un après-pétrole dont elle n'aurait pas à craindre la survenance.

Ce qu'ils reprochent à la sphère dirigeante du pays c'est que même en ayant pris conscience que le pays est en train d'être dangereusement malmené du fait que son économie et ses finances sont trop dépendantes de la rente pétrolière, elle n'a pas pour autant fait le choix de mettre un terme à la politique de «gribouille» qui est la sienne au plan économique. D'aucuns affirment nettement que ce que le gouvernement a entrepris pour tenter de prémunir le pays d'une aggravation de sa situation économico-financière n'est pas l'indice qu'il y a rupture avec cette politique de «gribouille» du fait que les réformes et dispositions dont il a pris l'initiative se distinguent par leur côté improvisé dénotant qu'elles ne découlent pas d'une stratégie globale élaborée pour répondre aux cruciaux défis auxquels l'Algérie est confrontée en tant que pays de monoproduction condamné à diversifier au plus vite son économie, faute de quoi c'est sa survie même en tant que nation qui va être au cause.