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Crise libyenne : un 2ème round incertain

par Kharroubi Habib



En apparence, les parties libyennes ayant participé aux pourparlers de Genève parrainés par l'ONU ont respecté leur engagement de mettre fin aux affrontements qui les ont opposés. De fait, un semblant de calme règne depuis en Libye qui est mis à profit par la médiation onusienne pour préparer le second round des pourparlers entre les belligérants auquel elle espère rallier des groupes armés ou politiques n'ayant pas pris part à la première rencontre. Il reste toutefois que l'optimisme sur une issue heureuse pour le processus engagé à Genève visant à dégager une entente entre Libyens autour d'une solution politique à la crise de leur pays est très mesuré chez la plupart des observateurs. La raison principale qui motive leur modération dans l'appréciation du résultat obtenu à Genève lors du premier round est que des seigneurs de guerre libyens y ont été absents et pourraient s'en prévaloir pour ne pas en accepter les engagements auxquels il a donné lieu. Et ce n'est pas la menace brandie par l'ONU de « punir tous ceux qui freinent le processus de paix en Libye » qui va être dissuasive pour ces chefs de guerre qui n'entrevoient de solution à la crise de leur pays que celle qu'impose la force des armes.

Cette perspective n'est nullement à écarter après qu'il soit apparu des dissidences au sein de groupes armés ayant officiellement apposé leur signature au bas de l'accord conclu à Genève, dont les porte-paroles ont rejeté celui-ci. C'est peu dire que pour cette raison le second round de la conférence de Genève voué à ramener la paix en Libye s'annonce plein d'incertitudes en dépit des efforts de la médiation onusienne consistant à convaincre les récalcitrants à ne pas faire obstacle au processus de paix ébauché.

La certitude est que les milices armées se revendiquant de la mouvance djihadiste vont tout faire pour empêcher la réconciliation inter-libyenne et qu'il faut par conséquent s'attendre de leur part à de sanglantes opérations contre les partisans de la solution politique. Ceux-ci n'ont d'autre choix que de s'entendre sur la mise en place d'un pouvoir d'union nationale au nom duquel ils fédéreraient leurs forces pour faire barrage à l'extension de la menace que constituent les milices et groupes salafo-extrémistes pour l'unité de la Libye et l'instauration d'un régime veillant à la suprématie de la loi et du respect des droits de l'homme.

Il est toutefois à craindre que cette union nationale dont il a été promis à Genève que tout sera fait pour la réaliser va se heurter aux ambitions personnelles des uns et les intérêts claniques ou tribaux des autres. Lesquels sont encouragés et soutenus en sous-main par des acteurs étrangers dont les desseins et calculs dans la crise libyenne s'opposent au rétablissement de la confiance entre les composantes de la nation libyenne. Si par conséquent l'ONU qui s'emploie à baliser le terrain à cette réconciliation des Libyens se devait de menacer les parties qui freineraient le processus de paix amorcé, elle se doit également d'user de la même ferme menace à l'endroit de ces acteurs étrangers de la crise libyenne qui poussent insidieusement leurs protégés libyens à ne se satisfaire de solution que celle qui arrange leurs propres intérêts dans l'ex-Jamahiria.