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Ces dommages collatéraux que l'OSDH ne voit pas

par Kharroubi Habib

Depuis le début du conflit syrien, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) basé en Grande-Bretagne est la source principale, voire même unique à laquelle la plupart des médias traitant du conflit se réfèrent. Disposant apparemment d'un réseau d'informateurs maillant tout le pays, l'OSDH est réputé fournir en temps réel de crédibles informations sur les évènements survenant en n'importe quelle région ou localité syriennes qu'elles soient sous contrôle du régime ou de celui des opposants armés qui le combattent.

C'est donc à cette source que les médias puisent les macabres chiffres de victimes de ces affrontements qui sont d'une confondante précision s'agissant de leurs nombres et de leurs catégories de population. Il a été tout de même remarqué que la précision des informations émanant de l'OSDH sur les tueries survenant en Syrie est systématiquement plus grande quand elles sont le fait des forces du régime. Ce qui n'a pas pour autant instillé au sein du monde médiatique la moindre once de doute sur la crédibilité de ce que cet observatoire lui fournit. Il continue par conséquent à être son informateur dont il ne remet nullement en cause la véracité des faits qu'il lui rapporte.

Le fait pourtant que l'OSDH crédite de tout savoir de ce qui se passe en Syrie et d'en être renseigné avec cette précision que les médias lui « reconnaissent » ne parvient pas à chiffrer le nombre de victimes civiles que font en Syrie les frappes aériennes de la coalition internationale sur les localités sous contrôle de l'Etat islamique devrait faire s'interroger ces médias sur la réalité de la mission de cet observatoire. Alors qu'il fournit avec précision le nombre de victimes civiles occasionnées dans ces mêmes localités par l'aviation du régime, il n'a pas avancé un chiffre sur celles qu'ont faites les frappes de cette coalition depuis qu'elles ont commencé. N'est-il pas étrange que l'observatoire parvient toujours en ces lieux à dénombrer les morts djihadistes fauchés par ces frappes et être dans l'incapacité à faire de même pour leurs victimes civiles « collatérales» ? N'est-ce pas plutôt que l'OSDH a été «briefé» à ne rien révéler sur les dommages humains collatéraux causés par les frappes de la coalition ? A coup sûr sachant que les états-majors de cette coalition ne tiennent pas à ce que l'opinion internationale découvre que comme en Afghanistan ou en Irak les frappes contre les terroristes djihadistes ne sont pas précises jusqu'à en être chirurgicales comme ils le prétendent. Cet observatoire est-il réellement syrien et uniquement préoccupé de rendre publiques quels que soient leurs auteurs les atrocités commises contre la population en Syrie ? Assurément la question se pose au constat de l'impuissance devenue subitement la sienne à dresser l'état des victimes civiles des frappes de la coalition qui sont elles aussi pourtant syriennes. Selon cet observatoire, 50 djihadistes de l'EI ont péri dans les frappes opérées samedi et dimanche sur Kobané, ce qui sous-entend qu'il a ses informateurs sur place. Pourquoi alors il a été « incapable » de donner le chiffre des pertes civiles ? Si ce n'est que parce qu'il a instruction de se taire sur les dommages « collatéraux ».